Un rapport du Conseil de l'Europe, publié hier, met en cause les responsables de l'UCK (Armée de libération du Kosovo) et implicitement Hashim Thaçi, le Premier ministre kosovar, de s'être livrés à un trafic d'organes sur des prisonniers serbes, à la fin des années 90. Indirectement, il accuse aussi la communauté internationale de s'être tue sur ces crimes.
Des violences inouïes avaient en effet marqué le conflit armé mené du côté serbe par le boucher Slobodan Milosevic et l'UCK. Ce n'est qu'au printemps 1999 que l'OTAN a décidé d'intervenir pour chasser Milosevic du pouvoir, lui qui avait dirigé une répression aveugle faite de déportations forcées, de meurtres, de vols et autres persécutions contre le peuple du Kosovo.
C'est seulement en 2008, par la publication de son livre témoignage que Carla del Ponte, Procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de 1999 à 2008, révèle, sans toutefois le prouver, l'existence du trafic d'organes humains prélevés sur quelques 300 prisonniers serbes. L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe s'en est alors suffisamment intéressée pour saisir la Commission des droits de l'homme.
Le rapporteur de cette dernière, le Suisse Dick Marty, s'est dit formel mercredi devant les députés européens. Pour lui, les soupçons de Carla del Ponte sont fondés, de "
nombreux indices concrets et convergents" en apportant la preuve. Des prisonniers serbes auront été effectivement exposés à des "
traitements inhumains et dégradants" et "
des organes auraient été prélevés" sur certains d'entre eux pour les besoins d'un trafic international.
Selon son rapport étayé par des témoignages, les prisonniers serbes auraient été conduits dans une clinique en banlieue de Tirana avant d'être exécutés d'une balle dans la tête et «
opérés pour qu'un ou plusieurs organes leur soient prélevés ». De plus, Dick Marty désigne aussi les auteurs de ces crimes, dont l'actuel Premier ministre, désigné comme étant l'organisateur du trafic, qui échappe avec nombre de ses complices à la justice, par suite d'un manque de volonté de la communauté internationale de s'attaquer aux responsables de l'UCK.
D'ores et déjà le Conseil de l'Europe a décidé l'ouverture d'une enquête. «
Ces allégations ne doivent pas rester en suspens (…) J'invite l'ensemble des autorités compétentes, y compris les autorités internationales, à faire l'impossible pour établir la vérité sur ces faits», a déclaré Thorbjørn Jagland, son secrétaire général.
avec le Figarohttp://www.lefigaro.fr/international/2010/12/15/01003-20101215ARTFIG00604-le-premier-ministre-du-kosovo-accuse-de-trafic-d-organes.php