La situation se dégrade notablement à Haïti, au lendemain de la proclamation des résultats préliminaires de l'élection présidentielle. À Port-au-prince, les adversaires de Jude Célestin, candidat du pouvoir soutenu par le président sortant, René Préval, s'en sont pris aux locaux de son parti qu'ils ont incendiés. On recense 1 mort et plusieurs blessés aujourd'hui.
Comme challenger, Célestin doit affronter au second tour Mirlande Manigat, le 18 janvier prochain. Les deux ont obtenu respectivement 31,37 % et 22,48 % des suffrages exprimées. Mais le troisième, un chanteur populaire du nom de Michel Martelly, qui est battu par Célestin par quelques 6000 voix seulement, conteste les résultats rendus publics. Ses partisans l'ont même montré bruyamment aujourd'hui en protestant dans la rue contre le pouvoir qui aurait traficoté les résultats pour donner à son poulain toutes les chances d'être au second tour.
Dès hier, déjà, les amis du chanteur ont occupé la rue, y érigeant des barricades à Pétionville, à la périphérie de la capitale et aux alentours du palais présidentiel. L'on craint désormais que ces manifestations ne se transforment en émeutes, d'autant que les protestataires ont encore 12 jours devant eux avant la validation officielle des résultats du premier tour.
Il faut dire que le pays, secoué, il y a un an, par un violent séisme, qui a causé 250 000 morts est aujourd'hui dans une situation de grande détresse, vu le nombre impressionnant des sans-abri qui sillonnent la capitale et surtout les effets de l'épidémie de choléra - 2000 personnes ont péri déjà - qui continue de ravager la population fortement exposée.
Enfin, la contestation des résultats n'est pas seulement le propre des candidats arrivés en tête ou en troisième position. Elle est aussi revendiquée par les quinze autres candidats qui accusent l'État d'avoir fraudé au bénéfice de son candidat.
La communauté internationale se contente pour l'instant d'appeler les Haïtiens au calme, promettant que tout sera entrepris pour examiner les recours introduits afin de donner un sens au scrutin organisé non sans grand mal.