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 Présidentielle, le débat malgré eux

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AuteurMessage
Moussa




Nombre de messages : 165
Date d'inscription : 13/03/2009

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MessageSujet: Présidentielle, le débat malgré eux   Présidentielle, le débat malgré eux EmptyJeu 19 Avr - 20:14

Le Monde diplomatique.fr - 19.04.2012

Les campagnes électorales ne sont pas toutes inutiles. Pour une fois, celle qui s’achève en France n’aura pas été confisquée par les sondeurs, les commentateurs, et orientée par le désir de courtiser l’électorat bourgeois à coups de promesses de baisses d’impôts (1). Les questions relatives à l’orientation de l’Union européenne, à la pertinence des politiques d’austérité, à la surpuissance des marchés financiers, à la partialité des grands médias et des « économistes de banque » ont été posées. Et ont rencontré un écho dans le pays.

Nicolas Sarkozy a d’abord espéré rejouer sa campagne victorieuse de 2007 en se présentant comme un outsider extérieur au « système », porte-parole autoproclamé de la « majorité silencieuse » en butte à une « gauche caviar ». Après cinq années à l’Élysée, consacrées pour une bonne part à « réhabiliter » l’argent et ceux qui le détiennent, la gageure était de taille.

Plus sa réalisation devenait aléatoire, plus les anciens « amis » et obligés de M. Sarkozy, ministres ou intellectuels, désertaient sa cause, signalant ainsi que l’intérêt de leur carrière leur imposait de rompre avec le candidat sortant, plus celui-ci a durci le ton. En matière d’immigration et de démagogie antimusulmane, son discours n’a cessé de se rapprocher de celui de Marine Le Pen.

Quatre jours avant le premier tour, interrogé par France Inter, il a cru bon d’insister à la fois sur la question du droit de vote des immigrés et sur celle de l’interdiction de la burqa, un peu à la manière d’un joueur surclassé qui en désespoir de cause en revient à son vieux répertoire vermoulu. Mais même l’utilisation des assassinats de Toulouse et quelques interpellations à grand spectacle, largement relayées par les médias, n’ont pas suffi. Il lui faudrait donc faire peur autrement.

Le terrain choisi par le président sortant a été celui de la « crise de confiance » que provoquerait selon lui l’élection d’un candidat de gauche : « Nous ne sommes pas en 1981, nous sommes en 2012. En 2012, il ne faudra pas deux ans, il faudra deux jours pour qu’ils [la gauche] conduisent notre pays dans une gigantesque crise de confiance. Et à ceux de nos compatriotes qui veulent la gauche je dis : vous aurez la Grèce, vous aurez l’Espagne. » La menace manque d’élégance, mais cette qualité n’est pas la plus prisée à l’Élysée.

Au-delà et plus important sans doute, une éventuelle victoire de la gauche à l’élection présidentielle la conduira en effet très vite à devoir choisir entre l’audace et l’enlisement, mettre en œuvre une politique nouvelle ou mendier la « confiance » des marchés financiers. Les contraintes budgétaires à venir et auxquelles ont déjà consenti trois des principaux candidats – déficit ramené à 3% du PIB en 2013 et à 0% en 2015 (M. Bayrou), 2016 (M. Sarkozy) ou 2017 (M. Hollande) – rendent improbable autre chose qu’une nouvelle cure d’austérité. L’application du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), en cours de ratification, garantirait une telle perspective et l’assortirait d’un dispositif de sanctions imposé aux États contrevenants.

Or à mesure que la campagne progresse, que les injonctions de Jean-Luc Mélenchon à une « désobéissance européenne » semblent mobiliser une fraction de l’électorat de gauche, que se dégrade le sort des peuples européens qui subissent des politiques d’austérité, M. Sarkozy comme M. Hollande insistent davantage sur leur souhait d’une politique de croissance. Le premier vient de réclamer un débat sur les missions de la Banque centrale européenne ; quelques mois plus tôt, il avait écarté toute discussion à ce propos. Quant au candidat socialiste, il durcit le ton lui aussi et répète qu’une renégociation du TESF constituerait, dans l’hypothèse de son élection le 6 mai prochain, la condition préalable à sa ratification par la France : « Si le pacte ne contient pas de mesures de croissance, je ne pourrai pas soutenir sa ratification par l’Assemblée nationale. Je l’ai promis aux Français et je m’y tiendrai. J’ai rencontré plusieurs chefs d’État européens, il n’y en a pas beaucoup qui soient satisfaits de la situation économique. Je ne suis pas isolé. »

Pas isolé ? Politiquement, un président de gauche le serait pourtant. Cependant, la dégradation économique en Europe rend chaque jour plus aveuglante la nécessité de changer de cap. Évoquant la multiplication des suicides sur le Vieux Continent, Paul Krugman, « prix Nobel » d’économie, vient d’y voir une forme de métaphore de la stratégie actuelle de ses gouvernants, largement imposée par l’« inflexibilité » allemande : « En mars, les dirigeants européens ont signé un pacte qui verrouille l’austérité en guise de réponse à tous les problèmes. Il est par conséquent difficile d’échapper à un sentiment de désespoir. Plutôt que d’admettre leur erreur, les dirigeants européens semblent déterminés à conduire leur économie dans le ravin.(2) »

Malgré le tir de barrage des commentateurs et des économistes obsédés par la question de la dette – et déterminés à la résoudre en imposant de nouvelles saignées aux salariés et aux retraités –, ce point de vue critique ne cesse de gagner du terrain, en particulier en France. Sans doute en raison de la situation sociale et des mobilisations politiques liées à l’élection présidentielle. Mais aussi du rejet croissant que suscitent les journalistes dominants et les économistes à qui ils réservent la parole. Tous pénétrés de mépris envers les points de vue dissidents et les « petits candidats » dont la loi garantit l’accès aux médias. Tous défenseurs de la rente contre le salaire, tous plus tourmentés par la crainte d’une inflation inexistante que par la réalité aveuglante du chômage.

Si en définitive l’actuelle campagne se traduit par l’échec des tentatives de diversion xénophobes, par le refus argumenté des politiques d’austérité européennes, par la mise en accusation des campagnes de propagande médiatique, elle aura réalisé davantage que les précédentes.

---
(1) Propriété de François Pinault, cinquième fortune de France, l’hebdomadaire Le Point s’en alarme. Et consacre un dossier à « ce que la campagne a révélé : la haine des riches ».

(2) « Europe’s Economic Suicide », New York Times, 15 avril.

(http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2012-04-19-presidentielle)
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