Après la Grèce, c'est Dublin qui pose désormais problème. Et le problème est d'autant plus épineux que les autorités irlandaises, fières de la croissance économique dynamique et de l'attractivité exceptionnelle de leur pays, ne sont pas prêtes pour accepter l'aide financière proposée par l'U.E. et le F.M.I., Dublin cherchant à éviter toute comparaison entre ses problèmes dits conjoncturels et ceux plus structurels d'Athènes.
« La crise irlandaise est essentiellement une crise du secteur bancaire, explique Céline Antonin, économiste spécialiste de la zone euro à l'OFCE. En Grèce, il s'agissait plutôt d'un déficit structurel chronique, lié à des problèmes spécifiques (faiblesse des recettes fiscales, boulimie des dépenses, faiblesse du taux d'épargne et pauvreté des ménages). Sans oublier que les dirigeants hellènes avaient menti sur leurs comptes. »
La dette de l'État irlandais dont la gestion était préfinancée sur les marchés financiers jusqu'à 2011 ne posait jusqu'ici pas de problème important. Seulement, en annonçant, en octobre dernier, un déficit public de 32 % du PIB en 2010, les choses commençaient à devenir plus qu'inquiétantes. Et puis, les subprimes ont aussi touché le pays pour mettre en lumière les risques inconsidérés pris par le secteur bancaire ; le chômage qui est monté à 14 % et la récession qui se poursuit sont aussi autant d'indicateurs qui alertent l'U.E.
Les marchés contestent du coup la capacité de l'Irlande d'apurer son déficit d'ici l'été 2011, à cause principalement du coût estimé à 50 milliards € dans le pire des cas des financements exigibles pour sauver le système. Et l'on assiste d'ores et déjà à une envolée des taux d'intérêt de la dette irlandaise qui risquent de s'amplifier dès que l'État irlandais reviendra l'été prochain solliciter des fonds sur les marchés.
Ce qui inquiète davantage encore est que la croissance au 3è trimestre en zone euro et en Irlande limitent désormais la confiance des investisseurs. De plus, les liquidités injectées par la BCE dans le système bancaire européen mettent les banques dans une fâcheuse dépendance, or, inversement, la BCE réfléchit justement à la possibilité de retirer ses fonds injectés dans ce système.
L'on craint désormais que l'affaire irlandaise ne fasse tache d'huile en se reposant sous les mêmes termes au Portugal et en Espagne, les deux maillons encore ténus du système financier européen.