Pour motiver son refus de donner droit à la requête des députés d'ouvrir des enquêtes parlementaires à propos de la corruption qui gangrène l'État, le président de l'Assemblée nationale, Abdelaziz Ziari, semble avoir fait preuve d'une légèreté insoupçonnable pour un responsable de ce niveau. « Je tiens deux documents signés par M. Ziari. Dans l’un deux, il est signifié que la demande de créer une commission d’enquête a été rejetée par le bureau de l’APN sur la base de l’article 161 et un deuxième article de la loi organique. Or, les deux articles stipulent qu’il est du droit des députés de l’APN de constituer des commissions d’enquête », a déclaré le député indépendant, Ali Brahimi, lundi, en marge du débat à l’APN sur la déclaration de politique générale du gouvernement.
« Donc, je ne vois pas comment on peut refuser une commission d’enquête se basant sur un article qui le permet », s'offusque Brahimi, qui observe, par ailleurs, que le bureau de l'Assemblée aurait plutôt souhaité que les auteurs de l'initiative précisent le secteur d'intervention de ces enquêtes.
Ziari, grand maître de la langue de bois, est intervenu ce matin encore pour promettre aux représentants du peuple qu'il rendra incessamment publiques les motivations du refus de l'Assemblée de créer de telles commissions d'enquête, "pour ne pas induire l'opinion publique dans l'erreur", a-t-il tenu à ajouter.
Il n'est pas nécessaire de se faire martel en tête pour comprendre qu'au sommet de l'État, il ne saurait être question de remuer la gadoue qui entoure la gestion des affaires publiques, notamment celle relevant de la responsabilité de Bouteflika. On l'aura compris, trop d'hommes de son entourage sont tellement impliqués dans les affaires de détournement de fonds publics et de corruption que tous les tribunaux algériens n'y suffiraient pas pour les juger.