Dans un livre publié hier, Mgr André Léonard, chef de l'Église catholique belge, a estimé que le sida est "une sorte de justice immanente" et n'y voit pas une punition de Dieu, dans le sillage de la libération de la sexualité, rapporte une dépêche de l'AFP.
Comparant la maladie avec les effets néfastes sur l'écologie de l'action de l'homme, le chef de l'Église belge écrit : "Quand on malmène l'environnement, il finit par nous malmener à son tour. Et quand on malmène l'amour humain, peut-être finit-il par se venger, sans qu'il faille y faire intervenir une cause transcendante", avant d'ajouter, tranchant : "Malmener la nature profonde de l'amour humain finit toujours par engendrer des catastrophes à tous niveaux".
Pour les deux parlementaires du parti libéral flamand, l'Open VLD, Gwendolyn Rutten et Nele Lijnen, ce n'est là qu'une "insulte pour les nombreux patients qui luttent contre la maladie et les gens qui les soignent", ont-ils estimé dans un communiqué.
Le parti vert francophone Ecolo s'est dit, lui, "choqué par les propos irresponsables et dangereux" de Mgr Léonard. "Lire ou entendre des propos aussi stupides que discriminatoires peut avoir un impact particulièrement dévastateur sur la formation de l'identité d'adulte des jeunes gays et lesbiennes", ajoute-t-il.
Mgr Léonard se dit par ailleurs opposé au mariage des prêtres, estimant que "Chacun sait que la plupart des affaires de pédophilie se déroulent au sein des familles.". Aussi, interroge-t-il : "Est-ce une raison pour supprimer le mariage ?"
Le phénomène de la pédophilie dans les milieux ecclésiastiques, en révélant chaque jour son emprise et son développement considérables à travers l'ensemble du monde catholique, amène plutôt à davantage de circonspection et de retenue de la part de leurs représentants les plus en vue. Face à ce problème particulièrement épineux, le Pape lui-même s'est trouvé tout récemment dans une position tellement gênante qu'il a dû finalement céder au devoir de faire passer la justice partout où ce genre de débordement vient à être révélé. De là, donc, à fustiger les sidatiques, au prétexte qu'ils ont cédé à un besoin de libre sexualité, c'est, venant de la part du chef de l'Église belge, un autre débordement aussi inacceptable que ridicule.