Il est rare que les militants eux-mêmes d'un parti politique s'en prennent avec autant de violence à leur principal responsable comme vient d'en faire les frais le chef du F.N.A. (Front national algérien), Moussa Touati.
Ce dernier, en se rendant avant-hier à Tlemcen, une localité où il disposait, semble-t-il, de nombreux militants et sympathisants, était loin de prévoir ce qui l'attendait, nous apprend le correspondant local d'El-Watan.
Au salon d'honneur de la Maison de la culture, d'abord, il a été la cible d'une avalanche d'insultes et d'injures d'un député, Mohamed Benhamou, de sa propre formation, devenu dissident. Les députés qui accompagnaient alors Touati ont eux-mêmes été pris à partie aussi par la foule occupant les lieux. Des coups de pied auraient même été assenés à ce petit monde qui n'en revenait sans doute pas de sa surprise.
Touati a ensuite quitté le salon d'honneur pour rejoindre la salle de conférences remplie quasiment de visiteurs et de curieux n'ayant aucun lien avec le FNA. Chahuté sitôt qu'il a pris la parole, il a dû prendre la poudre d'escampette et retourner au plus vite au salon d'honneur, d'où il est encore chassé par la foule hurlant sa colère.
Sorti de nulle part, Moussa Touati serait en fait un ancien officier militaire venu récemment à la politique. Le régime de Bouteflika, en le voyant émerger, a tout entrepris pour le soutenir et le promouvoir au point d'ailleurs où le FNA constitue aujourd'hui la 4è ou 5è formation politique du pays en termes de députés élus.
Ayant pris dès le départ la tête du FNA, Touati, dont l'on sait par ailleurs le degré limité d'instruction scolaire, n'a pas tardé à rencontrer de sérieux problèmes avec son propre encadrement qui est loin de lui reconnaître son leadership. Mangeant à tous les râteliers, le président du FNA n'a pas de ligne politique précise qui le distingue des formations concurrentes. Il compose aussi bien avec les gens du FLN qu'avec ceux du camp islamiste. Si son entrisme a certes payé au début, aujourd'hui il a fort à faire avec ses propres militants qui veulent le dégommer de son trône.