Les opérations de l'OTAN en Libye ne semblent guère être du goût de Pékin et de Moscou qui se posent en "grands militants de la paix internationale" et s'accordent, disent-ils, à unir leurs efforts pour obtenir un cessez-le-feu sur le sol libyen.
Au prétexte qu'ils s'opposent par principe à toute ingérence dans les affaires intérieures des États, dirigeants Russes et Chinois estiment que "chaque peuple doit déterminer lui-même son destin, sans ingérence". En d'autres termes, un tyran est libre de disposer de son peuple à sa guise et de l'exterminer s'il le juge nécessaire. En même temps, le droit à la vie, à la liberté, à l'expression, au choix démocratique de leurs dirigeants, etc., doit demeurer une simple chimère pour les peuples même s'ils veulent se défaire de leurs dictateurs ou de l'oppression dans laquelle ils se trouvent enfermés. À ce titre, les peuples chinois et russes en savent quelque chose, eux-mêmes qui sont interdits de manifester leur colère dans la rue contre le despotisme ou les extravagances de leurs dirigeants. Le monde garde, en particulier, un souvenir atroce de l'intervention naguère des chars contre les manifestants de Pékin.
Pékin et Moscou, qui disposent chacun d'un droit de veto au Conseil de sécurité, se gardent bien sûr, en "bons démocrates accomplis", de donner leur accord à l'élargissement de ce dernier pour préserver le privilège leur permettant de régner justement en potentats sur la planète. Pour des considérations qu'ils ont du mal à expliquer, ils n'avaient pas osé lever le petit doigt quand Bush et ses troupes avaient écrasé sauvagement l'Irak puis l'Afghanistan sous de fallacieux prétextes, pas plus qu'ils n'ont émis la moindre protestation quand les blindés juifs avaient déferlé aussi bestialement à Gaza à la fin 2009 pour massacrer des civils dans leurs foyers.
Aujourd'hui que le tyran libyen leur fait miroiter des affaires en or, comme la mainmise sur le pétrole et d'autres avantages encore, ils se portent en censeurs d'une intervention que le monde entier approuve pourtant, celle de sauver des dizaines de milliers de vies humaines promises publiquement au massacre par ce bédouin aussi illettré qu'immoral et inconscient.
Sans l'avouer, ils s'appuient sur des tyrans de pays voisins, eux-mêmes menacés d'être chassés du pouvoir, pour exprimer leurs soi-disant craintes de voir "se développer des situations incontrôlables" tant en Libye qu'ailleurs. Mais, c'est surtout la contamination à leur propre pays de ces révoltes arabes qui chagrine à vrai dire des régimes aussi attardés de Moscou et de Pékin.