La police a chargé avec force brutalité les manifestants rassemblés aujourd'hui, à l'initiative du mouvement associatif lR.A.J. (Rassemblement action jeunesse) sur la Place des Martyrs d'Alger, pour commémorer les tueries sauvages du 5 octobre 1988. L'armée avait alors tiré à balles réelles, souvent explosives, sur des milliers de jeunes qui avaient envahi les rues pour protester contre les excès du régime FLN. 500 jeunes au moins ont perdu la vie à cette occasion et des milliers d'autres se sont retrouvés mutilés, quand ils ne gardent pas de graves séquelles des tortures atroces subies dans les geôles de la sécurité militaire.
Pourtant, au regroupement d'aujourd'hui, il n'y avait que quelques dizaines de militants du RAJ, soutenus par de rares hommes politiques et deux victimes d'octobre 1988. Et tout ce petit monde a été violenté, comme l'indique le communiqué du R.A.J. qui précise : "« Nul n’a été épargné, pas même les deux victimes de la répression d’octobre 88, venus participer au rassemblement ».
C'est dire combien le régime actuel de Bouteflika ne se démarque en rien de celui de Chadli Bendjedid qui avait, en 1988, donné personnellement aux troufions l'ordre de tuer, comme s'il s'agissait d'abattre des bêtes féroces. Et c'était un certain général Nezzar, de triste mémoire, qui, comme chef d'état-major de l'armée, avait exécuté l'ordre à la lettre.
22 années après, l'on se demande à quoi finalement ont servi ces manifestations d'octobre 1988 sinon qu'à ravir à leurs familles 500 jeunes surpris par la mort et à handicaper à vie des milliers d'autres. Chadli, comme Nezzar, qui n'ont jamais été inquiétés pour leur responsabilité personnelle dans ces massacres, coulent depuis lors leurs vieux jours dans leurs palaces.