Rien ne va plus, une nouvelle fois encore, entre les deux géants asiatiques, qui se supportaient à peine depuis de longues années déjà - la Chine étant loin d'oublier les massacres gigantesques des années 30 commis gratuitement sur ses populations par l'armée nippone. Le moindre accroc met à l'épreuve les relations restées depuis lors toujours froides entre les deux capitales.
L'arraisonnement par le Japon d'un chalutier chinois surpris, au début de ce mois, en train de pêcher à proximité d'îlots frontaliers dont chacun des deux pays revendique la souveraineté est la cause, depuis quelques semaines, d'une espèce de casus belli que les deux protagonistes semblent prêts à brandir chacun de leur côté. Qui a tort ? Qui a raison ? Personne ne peut se risquer à l'affirmer, du fait qu'aucune instance internationale, comme le tribunal de la Haye par exemple, n'a été jusqu'ici saisie par l'une ou l'autre partie à l'effet de définir la souveraineté exacte d'îlots perdus dans le Pacifique.
Par principe, le Japon n'est pas disposé à céder le moindre pouce de territoires qu'il considère comme siens, et c'est la raison pour laquelle il n'a décidé de relâcher le navire puis son capitaine qu'après avoir subi, de la part de Pékin, des mesures de rétorsion dissuasives. Ce dernier refuse désormais de lui livrer les terres rares indispensables à ses industries de l'électronique et de l'automobile. Par principe aussi, la Chine, qui lui conteste la souveraineté des fameux îlots, s'entête à les réclamer, comme si en dépendait sa propre survie. Elle en est arrivée à exiger des excuses et même des réparations à Tokyo pour un arraisonnement et une arrestation qu'elle considère illégaux et attentatoires à sa propre souveraineté.
Tokyo, qui doit aussi gérer un mouvement de protestation qui s'amplifie dans le pays, refuse de céder à ce qu'il estime être une demande abusive et sans fondement.
Les choses en sont donc aujourd'hui à ce point sensibles qu'il est difficile de prévoir de quoi sera fait demain, d'autant que ces deux pays nous ont habitués à des sautes d'humeur qui finissent par se calmer d'elles-mêmes comme par enchantement.