Le bouillant Hugo Chavez a beaucoup de considération pour ses homologues latino-américains mais il exècre apparemment le mensonge.
Pour s'être permis d'affirmer, hier, à une conférence de l'OEA (Organisation des Etats américains) que des chefs de guérillas colombiennes s'étaient retranchés en territoire vénézuéliens où ils s'entraînent avec la bénédiction de Caracas, les représentants colombiens ont provoqué la colère du président Chavez. Ce dernier a, dès ce matin, sans la moindre hésitation, décidé la rupture de toutes relations avec Bogota. Il a déclaré : "
Le Venezuela rompt à partir de maintenant toutes ses relations avec le gouvernement colombien" et a donné 72 heures exactement aux diplomates colombiens pour quitter le territoire vénézuélien.
L'ambassadeur de Colombie à l'Organisation des Etats américains (OEA), Luis Hoyos, a dénoncé une décision "
erronée" et appelé Caracas "
à rompre avec les bandes criminelles" après avoir dénoncé la présence de 1 500 guérilleros et de dizaines de campements rebelles colombiens au Venezuela, relève une dépêche AFP reprise par le journal
Le Monde.
Les rapports entre les deux pays restent, en vérité, minés depuis deux événements majeurs : le bombardement par Bogota, en Equateur, allié de Caracas, des Forces armées révolutionnaires de Colombie, dites rebelles, causant la mort de 25 personnes, d'une part, et, d'autre part, la signature, en juillet 2009, avec Washington d'un accord permettant l'installation de 7 bases US en Colombie. Par mesure de rétorsion, Chavez avait alors décidé la suspension des importations venant de Bogota à partir de cette date, y provoquant de graves problèmes économiques.
Par ailleurs, Chavez avait eu aussi maille à partir avec le président encore en exercice jusqu'au 7 août, Alvaro Uribe, à propos de la libération des otages détenus par les FARC.
Pour toutes ces raisons, le président vénézuélien s'est toujours méfié du régime colombien, allant jusqu'à dire, à propos d'Uribe : "
Uribe est capable de faire installer un faux campement du côté vénézuélien [de la frontière] pour l'attaquer et provoquer une guerre (...). S'il y avait une guerre contre la Colombie, il faudrait y aller en pleurant, mais il faudrait y aller".
Chavez, qui a déjà mis son armée en alerte générale, garde néanmoins l'espoir de rétablir ses relations avec le prochain président, Juan Manuel Santos, avec qui il se dit confiant. Ce dernier a refusé de se prononcer jusqu'ici sur le sujet, estimant ne pouvoir le faire qu'une fois installé à la tête de l'Etat.
Ban Ki Moon a exhorté les deux pays à régler leurs problèmes par le dialogue.