Un nouveau coup de froid - le plus récent remonte à la rencontre de Copenhague, où Pékin s'était désolidarisé du modèle de lutte contre le réchauffement prôné par le G20 - marque sérieusement depuis quelques jours les rapports sino-américains.
D'un côté, les USA, en vendant des armes de guerre sophistiquées à Taïwan, l'autre facette de la Chine créée de toutes pièces à l'époque du scissionniste Tchiang Kaï-Chek pour contrer la Chine dite communiste de Mao, commettent une provocation directe et peu amène à l'égard de Pékin. De l'autre, Pékin, en envisageant avec fermeté des mesures de rétorsion contre Washington, montre qu'il a bel et bien dépassé le stade de pays sous-développé des années cinquante. Car, il dispose effectivement de nombreux atouts entre les mains.
Au plan financier, d'abord, Pékin détient d'énormes quantités de papier monnaie américain qu'il est capable de mettre demain sur le marché pour ruiner l'économie américaine.
Au plan diplomatique, ensuite, Pékin, en se désolidarisant des USA et donc du clan des grandes puissances dans l'affaire du nucléaire iranien, bloque ipso facto toute résolution du Conseil de sécurité quant aux nouvelles sanctions applicables à Téhéran. Arguant de la défense de ses intérêts pétroliers, en particulier (l'Iran est le plus gros fournisseur de la Chine en matière de pétrole brut), et se considérant non menacée par quelque retombée nucléaire iranienne, la Chine tient là une clef non négligeable. Comme membre à part entière du Conseil de sécurité, elle peut exercer son droit de veto à l'égard de toute mesure retenue contre l'Iran qu'elle jugera inappropriée.
Au plan commercial, enfin, la Chine, qui tient le second rang mondial, se dit suffisamment ouverte sur l'extérieur aujourd'hui pour pouvoir se passer, si besoin est, de ses échanges avec les USA. Elle maîtrise suffisamment de secteurs industriels et techniques de premier ordre qu'elle ne se sent plus en position d'infériorité comme tel était le cas des décennies durant auparavant. Elle reste, de par le monde, le seul pays où 13 millions de véhicules ont été produits et vendus en 2009 et où la croissance, élevée à 9 % la même année, bat un record inégalé.
Le monde occidental, avec les USA en tête, feint surtout d'ignorer, bien à ses dépens, que la Chine n'a jamais accepté et n'acceptera jamais que Taïwan, une partie d'elle-même, se sépare éternellement de la mère patrie ou devienne, comme on le lui laisse souvent espérer, un Etat libre et indépendant.