Que sont devenus les trésors des wilayas d'avant et après l'indépendance ?

Les Algériens se souviennent qu'en 1962 les caisses du trésor étaient vraiment vides et qu'il avait fallu attendre les 100 milliards offerts à titre d'aide par la Chine pour parer au plus pressé. A cause des événements successifs, les impôts n'étaient pas levés et le personnel en charge, pied-noir pour l'essentiel, replié en France dès la veille de la proclamation de l'indépendance.

Or, les anciennes wilayas combattantes disposaient chacune d'un trésor particulier provenant des collectes locales ou des dons spontanés, notamment quand les pouvoirs publics avaient fait appel, au lendemain de l'indépendance, à la solidarité nationale pour renflouer les caisses de l'État. Un Fonds de solidarité avait même été créé à l'initiative du président de l'époque, Benbella. Mais, à ce jour, l'on ne sait strictement rien ni des fonds ou des biens en métaux précieux détenus alors par chaque wilaya ni moins encore du sort de ce Fonds de solidarité constitué de papier monnaie mais aussi de bijoux en or et en argent que les gens avaient confiés aux différents responsables désignés au niveau de chaque chef-lieu de wilaya.

Pourtant, aujourd'hui, sous l'effet de la polémique soulevée par le fils d'Amirouche ayant affirmé que son père avait laissé, avant son départ à Tunis et la mort qui l'a surpris en chemin, entre les mains de son remplaçant intérimaire, Mohand Oulhadj, ce qu'il appelle le trésor de la wilaya III, le fils de ce dernier confie à TSA la preuve du dépôt de ce trésor auprès de Benbella. On y trouve 46 kg d'or et un certain nombre de lingots et de bijoux en or.

Si, enfin, la wilaya III au moins apporte la preuve d'un tel dépôt que les autres wilayas sont apparemment loin d'avoir effectué pour leur propre compte, il reste que les quantités inventoriées dans le reçu présenté par le fils de Mohand Oulhadj ne reflètent pas toute la réalité. En effet, la Kabylie avait collecté bien davantage à l'indépendance. En matière tout particulièrement de bijoux en argent, offerts en très grand nombre, le reçu en question n'en parle nullement. De plus, certains hauts responsables militaires de la wilaya détenaient par devers eux d'importantes sommes d'argent en nouveaux francs dont l'on ne voit aucune trace dans ce même récépissé.

Force est donc de constater, un demi-siècle après l'indépendance, que nombre de responsables FLN, ALN ou de l'État de l'époque, y compris bien sûr au plus haut niveau, avaient sans nul doute détourné, toute honte bue, l'essentiel de ces biens nationaux. Et la responsabilité de Benbella reste entière à ce sujet. Il ne peut se défausser sur ses collaborateurs ni évoquer la désorganisation des pouvoirs publics d'alors pour se justifier.