TSA - 18.04.2012
par Achira Mammeri
Après plusieurs années d’absence, les partis politiques renouent avec le travail de proximité. Des candidats aux législatives du 10 mai désertent leurs bureaux calfeutrés et partent à la rencontre de la population. Dans les cafés, les places publiques et les commerces. Le contact est difficile, souvent poli, mais la confiance ne règne pas ! Lundi, des candidats RND étaient dans le quartier de la Casbah d’Alger. Une surprise pour les habitants de voir des politiques et des candidats en costume‑cravate, exerçant pour certains de hautes responsabilités, venir leur tendre la main. « Franchement, ils n’ont pas honte de venir mendier nos voix alors qu’ils n’ont rien fait pour nous ! », s’indigne Ami Sadek, sexagénaire.
Dans les rues de ce quartier historique qui tombe en ruines, le désarroi est total. Les promesses des candidats n’ont pas convaincu. Confrontés à la crise du logement et au chômage endémique, les habitants veulent du concret. « J’ai vu défiler plusieurs candidats dans ce quartier à la veille de chaque élection. Malheureusement, on les perd de vue juste après la proclamation des résultats », déplore Ami Sadek.
La virée des délégations des deux partis est passée pratiquement inaperçue. Même si, par politesse, quelques jeunes ont accepté de serrer la main aux visiteurs. D’autres, en colère contre les députés, étaient très gênés par cette visite et lançaient des expressions déplaisantes. Sur le terrain, les candidats ont pu constater le divorce entre le peuple et la politique. « Nous avons une responsabilité dans ce désarroi populaire, mais elle n’est pas entière. Tout le monde sait que la gestion du pays n’est jamais une affaire de parti », reconnait un haut responsable du RND, candidat à la députation. Les habitants font souvent les mêmes reproches aux politiques. « Après les élections, la règle sera inversée. Le peuple va parler et les candidats feront la sourde oreille. Décidément entre les deux, le courant ne passera jamais », affirme Akram, 34 ans, universitaire, qui a rencontré des candidats du FFS, mardi dans son quartier de Bab El Oued. « Je l’ai fait par curiosité, mais ne je n’ai pas l’impression d’avoir retenu quoi que ce soit de la discussion ».
En dépit des appels du président Abdelaziz Bouteflika à un vote massif, les habitants semblent peu convaincus de l’importance des législatives du 10 mai. La campagne électorale, qui a démarré dimanche dernier, peine à attirer la population. « Ce sont tous des menteurs, ils courent derrière l’indemnité de 37 millions. Je ne crois plus à leurs discours ni à leurs promesses. Je n’irai pas voter », affirme cette mère de famille rencontrée au niveau de la place El Kettani à Bab El Oued.