Cette fois, les intégristes islamistes ont donné la vraie mesure de leur capacité de nuisance, mais aussi de leur force. Pour bien montrer qu’ils contrôlent désormais le terrain, abandonné à eux par des politicards de salon, ils se sont attaqués avec force à deux casernes de l’armée et de la gendarmerie, en Kabylie. Et n’eût été l’arrivée en renforts d’hélicoptères dotés de systèmes infrarouges, ils auraient peut-être eu raison des bidasses attaqués en pleine nuit, au centre même d’une cité habitée, Yakouren.
Têtus, les faits sont là pour administrer une nouvelle fois la preuve que la politique de fuite en avant, marquée par cette fantaisie impayable de réconciliation nationale n’est pas seulement un échec, mais la plus grave erreur qui ait été commise de céder aussi lâchement devant des barbares d’un autre âge.
Et là, le président lui-même, initiateur de cette idée tordue, qui a fini d’ailleurs en eau de boudin, n’est pas le seul à blâmer, puisque nombre de lèche-bottes, de thuriféraires, disposés à vendre leur âme, ont soutenu pareille extravagance de bout en bout. Mieux, il s’est même trouvé quelques zélateurs prêts à s'en servir une nouvelle fois, un premier échec cinglant essuyé l'an passé n'ayant pas suffi, pour faire valoir la prétention de Bouteflika au prix Nobel de la paix. Il ne manquait, bien sûr, que cette vanité-là pour encenser leur idole pour l’éternité.
En attendant, les destructeurs de ce pays continuent leur œuvre pour l’on ne sait encore quel objectif, le pouvoir algérien se revendiquant lui-même des valeurs islamiques, opposant à juste titre toute sorte d’obstacle à la progression du monde laïc, à l’ouverture sur la civilisation et le modernisme.
Après avoir fait exploser coup sur coup leurs bombes meurtrières qui ont emporté des dizaines de civils innocents, lesquels avaient simplement eu le malheur de se trouver là au moment des déflagrations, à Alger, comme à Constantine ou à Tizi-Ouzou, les terroristes se mesurent maintenant aux forces vives de la nation, autrement dit à l’armée, la structure dite la mieux organisée pour lui barrer précisément le chemin.
Et, dans un sens, ils n’ont pas si tort, maintenant qu’ils se savent victorieux d'une première manche, remportée haut la main, grâce à laquelle ils ont obtenu l’élargissement sans contrepartie de quelques milliers de leurs camarades bouchers qui se trouvaient emprisonnés, assorti d’indemnités substantielles dites de dédommagement, de distributions de logements, etc. Persévérer dans leur combat pourrait peut-être les conduire à une victoire totale, qui sait ?