TSA - 15.03.2012
par Achira Mammeri
La justice algérienne a saisi son homologue suisse au sujet de comptes appartenant à des nationaux, à des étrangers mais aussi à des organisations, soupçonnés de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme, a annoncé ce jeudi 15 mars à la presse le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, après l’adoption de l’ordonnance complétant la loi no 05‑01 relative à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. M. Belaïz a rappelé que l’Algérie avait demandé des commissions rogatoires à plusieurs pays, notamment la Suisse. « Nous travaillons en étroite collaboration avec la communauté internationale pour lutter contre ces phénomènes qui menacent la sécurité et l’économie nationales », a‑t‑il dit.
Auparavant, le ministre avait annoncé, lors de son exposé sur l’ordonnance en question, que le président de la cour d’Alger sera doté exclusivement d’un pouvoir lui permettant de geler, pour une période pouvant atteindre un mois – susceptible d’être renouvelée –, des avoirs de personnes ou d’organisations soupçonnées de financement du terrorisme. « Une procédure qui demeure toutefois appliquée dans des situations d’urgence bien définies par la loi », a‑t‑il précisé. Le ministre a reconnu que l’absence d’une définition unifiée du mot terrorisme compliquait l’application des lois, d’où les efforts entrepris par l’Algérie au niveau des institutions internationales pour établir une définition claire de ce phénomène transnational.
De son côté, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Dahou Ould Kablia, est revenu sur la réunion, mercredi à Tunis, des ministres de l’Intérieur des pays arabes. Pour lui, la lutte contre le terrorisme a été abordée sans que la question ne constitue le point nodal de cette réunion. « Vous pensez que nous avons attendu la réunion de Tunis pour nous organiser, pour combattre le terrorisme ? C’est ce qu’on fait depuis vingt ans ! », a‑t‑il déclaré à la presse. Pour M. Ould Kablia, sur les dix‑sept pays arabes qui ont participé à cette rencontre, seulement « quatre ou cinq parmi eux souffrent réellement de problèmes d’instabilité dus au terrorisme. L’expérience algérienne était une base de réflexion et de travail, notamment au niveau des résolutions adoptées », a‑t‑il précisé.
M. Ould Kablia a affirmé que sur le plan interne, le terrorisme était battu, notamment grâce à l’engagement total des forces de sécurité. Mais il reconnaît que ce qui inquiète les autorités, « ce sont les groupes terroristes qui se trouvent à l’extérieur de nos frontières. Les groupes qui se trouvent au Sahel se sont renforcés en hommes et en matériel militaire assez évolué », a‑t‑il estimé. Des dispositions sont prises pour « qu’ils ne puissent absolument pas rentrer dans notre pays, que ce soit du côté du Mali ou à travers nos frontières avec le Niger ou la Libye », a‑t‑il affirmé.
Le ministre de l’Intérieur est revenu sur ses discussions avec son homologue libyen pour affirmer que les deux parties n’ont pas parlé « de tracé frontalier » mais de protection des frontières. « Nous avons développé une idée qui sera concrétisée lors de la visite du ministre de l’Intérieur libyen, prévue avant la fin du mois. Cela concerne la création d'un comité bilatéral frontalier, à l’instar de ce que nous avons fait avec le Niger et le Mali. Il s’agira de mettre en place une structure décentralisée pour permettre une très grande flexibilité et une très grande souplesse pour les contacts, sans revenir à l’autorité centrale », a expliqué le ministre.