Face à la conjugaison de forces ennemies qui veulent sa perte, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, Téhéran se trouve acculé à combattre sur tous les fronts.
A l'intérieur, il doit faire face à une double opposition : celle politique dite virtuelle qu'entretient, soutient et finance la propagande occidentale à seule fin de déstabiliser le régime, espérant ainsi renouveler le coup d'Etat de 1953 qui avait conduit à la destitution de Mossadegh et à l'accaparement des richesses minières du pays ; celle ensuite de la secte sunnite, diamétralement opposée à l'autre, chiite, dominante dans le pays, et qui est manipulée par le roi d'Arabie, apparemment tenté de jouer au khalife rayonnant sur l'ensemble du monde musulman.
A l'extérieur, ses positions inébranlables en matière de savoir, de recherche et de travaux sur le nucléaire ont ligué contre lui tout le Conseil de sécurité, dominé comme chacun le sait par les grandes puissances, toutes nucléaires, qui entendent se réserver la mainmise sur le domaine. Des sanctions multiformes ont été prises contre l'Iran qui visent à le mettre carrément à genoux en le privant quasiment de l'usage de l'espace aérien et des routes maritimes pour s'approvisionner, importer ou exporter un certain nombre de marchandises ou de matériels de guerre, ou simplement commercer sur les places internationales.
Étonnamment riche en pétrole et en gaz, Téhéran suscite, bien sûr, des convoitises de chacun de ces pays qui ont décidé désormais de l'étouffer pour pouvoir se partager ensuite ses richesses. Ils ont déjà mis la main sur presque l'ensemble du pétrole arabe et même réussi à installer dans le Proche-Orient des bases militaires d'intervention aux fins précisément de détruire et occuper l'Iran, l'objectif réel et final.
Mais Ahmadinedjad, bien que borné, n'est pas homme à se laisser conduire par le bout de l'oreille. Il réagit assez vite et le plus souvent pour le plus grand bonheur de ses concitoyens. Jamais, en effet, chef d'Etat pris dans une telle tourmente n'a réussi sa prouesse de poursuivre à la fois des réalisations méritoires aux plans militaire et industriel et des activités nucléaires en prenant d'aussi énormes risques. Et dans ce sens il a vraiment ridiculisé l'ensemble des pays arabes de par l'audace dont il continue d'user en fabriquant quasiment sans la moindre aide du dehors tous ses engins militaires ou balistiques, allant jusqu'à présenter tout récemment encore son premier drone, son premier robot. N'est-ce pas là des exploits dignes de respect, malgré toute la rancœur que l'on peut cultiver contre son islamisme plutôt primaire ?
Aujourd'hui que des forces militaires cernent le pays pour l'empêcher de recevoir certains matériels ou marchandises sensibles qui lui font défaut, le président iranien innove dans le transport maritime. Si les USA ont déjà établi une liste exhaustive de tous ses bâtiments maritimes à intercepter au besoin - il y en aurait 123, semble-t-il - Téhéran a d'ores et déjà trouvé la faille. Grâce à ses multiples sociétés-écrans basées à Malte, à Chypre ou aux îles Samoa et dont les gérants sont pour la plupart des anciens de l’IRISL (Islamic Republic of Iran Shipping Lines), il rebaptise continuellement chacun de ses navires, leur faisant changer et de nationalité et de propriétaire, à sa guise, rendant ainsi leur identification originelle impossible.