Grandes ou petites, rurales ou urbaines, nos cités sont, depuis environ deux décennies, prises d’assaut par une foison de camelots, bravant carrément la loi, qui s’installent en rangs serrés, sur des tables de fortune étalées sur tout espace bien fréquenté, pour vendre toutes sortes de produits transportables à bouts de bras.
Dans ce type de souk, devenu rituel, ils sont là, du matin au soir, tous âges confondus, occupant de préférence les places publiques sinon la chaussée des abords de marchés, bloquant carrément la circulation automobile ou piétonne, interdisant les stationnements de véhicules, empêchant les commerçants réguliers de recevoir leur clientelle ou leur marchandise, facilitant l'oeuvre des pickpokets, nageant à l'aise dans ces eaux-là. Passe encore qu’ils vendent des articles produits localement ou importés légalement par les voies officielles, passe encore qu’ils trouvent là un pis-aller leur permettant de gagner leur vie, parce que rien, hélas, n’est fait non plus par nos gouvernants pour assurer un travail propre et honnête à tous. Mais que ces vendeurs à la sauvette bravent la douane, la police aux frontières, pour aller chercher leur camelote dans les pays voisins, en y bradant nos dinars, et la mettent illégalement sur le marché, est un acte non seulement préjudiciable aux intérêts de la communauté tout entière, mais passible de prison et surtout inacceptable.
Restent-ils sans doute fort attendris, les responsables chargés de la sécurité qui ferment les yeux depuis trop longtemps sur ces abus intolérables ? Il est permis d’en douter, s’il faut croire la rumeur publique imputant généralement ce type de tolérance à la corruption, d’abord du douanier à la frontière, ensuite du policier sur la voie publique. D’ailleurs, comment expliquer sinon qu’un petit camelot se soit permis, il y a quelques semaines à peine, au centre même de la capitale, de vendre à la criée des déodorants qu’il disait avoir été volés au port, au prix imbattable de 50 DA pièce ? N’est-ce pas en mettant à profit cet espace de non droit que de vulgaires bandits y viennent parfois exposer le fruit de leur vol : autoradios, portables, pièces usagées provenant de voitures désossées, etc. ?
Non ! Il est grand temps que les pouvoirs publics s’intéressent de près à l’éradication complète et définitive de ces vendeurs à la sauvette, si nous voulons préserver tout au moins les chances de garder en activité les commerçants établis légalement et qui paient, eux, des impôts, des charges sociales, etc.