Eric Woerth, le ministre français du Travail, anciennement ministre du Budget, défraie la chronique, ces dernières semaines.
A présent, deux affaires le mettant gravement en cause constituent le principal centre d'intérêt des médias mais aussi du monde politique particulièrement de gauche. Il faut dire que le contexte tombe bien à propos pour souligner le contraste frappant entre les prises de position publiques du ministre vis-à-vis de divers problèmes, comme les retraites, les impôts sur la fortune, etc., et ses étranges mainmises directes ou indirectes dans la protection fiscale de deux magnats français, Liliane Bettencourt et Robert Peugeot.
Bettencourt, l'héritière principale de l'Oréal, une grosse boîte spécialisée dans les parfums, se trouve être l'employeur de l'épouse Woerth en charge justement de la gestion de sa fortune. Or, il est maintenant formellement établi que Bettencourt s'est rendue coupable de graves infractions au plan fiscal, puisqu'elle détient illégalement des sommes énormes dans des comptes en Suisse. Et Woerth, l'ex ministre du Budget, est soupçonné justement d'avoir, par l'intermédiaire de sa femme, facilité lesdits trafics en lui prodiguant les conseils les plus sûrs qui portent préjudice précisément au trésor public.
Le ministre s'en défend, bien sûr, mais tel n'est pas l'avis d'Eva Joly, une ancienne juge spécialisée précisément dans les grosses affaires de malversations à caractère financier et fiscal. Pour elle, la culpabilité de Woerth est évidente et sa démission devrait même intervenir au plus tôt.
Peugeot, qui a été victime d'un cambriolage en décembre 2009, aurait lui aussi utilisé les services du ministre pour se protéger d'un contrôle fiscal qui eût pu révéler l'origine illégale des lingots d'or détenus chez lui et qui ont été alors volés. Estimés sur la déclaration de vol à hauteur de 500 000 € dans un premier temps, ces lingots ont été rabaissés à 150 000 € sur les conseils avisés, soupçonne-t-on encore, du ministre, invité pour la cause à partager le repas de l'héritier Peugeot.
Un tel embrouillamini qui a suscité des réactions mitigées, selon qu'elles proviennent de droite pour protéger le ministre mis en cause, ou de gauche qui mettent en relief les faux discours avec les véritables actes, démontre une fois encore que les puissances de l'argent se soutiennent aux dépens bien sûr de la collectivité nationale.