LEXPRESS.fr, publié le 22/01/2012
Selon Mediapart, l'ancien ministre aurait bien bradé une parcelle de 57 hectares de l'hippodrome de Compiègne. Son avocat dément.
Plus d'un an après ses premières révélations, l'affaire Woerth rebondit à nouveau. Selon Mediapart (en accès payant), les terrains de l'hippodrome de Compiègne ont bien été vendus au tiers de leur prix. Le site s'appuie sur un rapport d'experts, qui sert aussi à l'avocat de l'ex-ministre Éric Woerth pour démentir l'information...
Le rapport d'experts a été récemment remis à la Cour de justice de la République (CJR) qui instruit une enquête pour "prise illégale d'intérêts" visant l'ancien ministre du Budget puis du Travail dans l'affaire de la vente de l'hippodrome de Compiègne. Éric Woerth est soupçonné d'avoir "bradé", en mars 2010, pour 2,5 millions d'euros une parcelle de 57 hectares de la forêt de Compiègne à la Société des courses de Compiègne. La cession de ces terrains, qui comprennent un golf et un hippodrome, a été effectuée de gré à gré.
Un dossier, deux interprétations
Or selon le rapport d'experts, cité mais non reproduit par Mediapart, les terrains valaient trois fois plus que le prix auquel l'ancien ministre les a vendus en 2010. "Cette présentation est tendancieuse", a réagi Jean-Yves Le Borgne, avocat d'Éric Woerth. Selon lui "le rapport confirme l'évaluation de l'administration concernant la valeur du terrain, entre 2,5 et 2,7 millions d'euros".
Selon le rapport qui a été communiqué vendredi à l'avocat, les experts "ont établi par ailleurs, qu'avec les bâtiments édifiés, les terrains ont une valeur trois fois supérieure", a-t-il ajouté en expliquant le différentiel entre la valeur totale et le prix de vente par le fait que c'est la Société des courses qui avait payé la construction des bâtiments. "On n'allait pas faire payer deux fois l'acquéreur", a fait valoir l'avocat. Pour lui "l'évaluation " de l'administration "correspond à l'expertise".
Mise en examen?
Évoquant l'hypothèse d'une éventuelle mise en examen d'Éric Woerth dans ce dossier, avancée par Mediapart, Me Le Borgne a répondu que "la discussion en cours est financière et n'a rien à voir avec une quelconque faute pénale". Éric Woerth avait été entendu le 4 mai par la CJR comme témoin assisté, statut intermédiaire entre celui de simple témoin et celui de mis en examen.
L'affaire de l'hippodrome avait été révélée par le Canard enchaîné à l'été 2010, en pleine polémique sur l'affaire Bettencourt, qui a conduit au départ du gouvernement d'Éric Woerth, également maire de Chantilly (Oise). L'enquête de la commission d'instruction aboutira à un non-lieu ou au renvoi d'Éric Woerth devant la formation de jugement de la CJR, chargée de juger les crimes et délits commis par les membres du gouvernement "dans l'exercice de leurs fonctions". Parallèlement à l'enquête de la CJR, des juges du pôle financier du tribunal de grande instance (TGI) de Paris instruisent le volet non ministériel de l'affaire.
(http://www.lexpress.fr/actualite/societe/affaire-woerth-des-terrains-de-compiegne-vendus-au-tiers-de-leur-prix_1073910.html#xtor=AL-447)