L'élection présidentielle de Guinée sonnera-t-elle le glas des dictatures africaines

Pour la première fois de leur histoire, les Guinéens vont se rendre demain aux urnes pour la première élection libre de leur pays.

24 candidats civils sont en lice, dont les deux anciens Premiers ministres Cellou Dalein Diallo et Sydia Touré et l'ancien opposant Alpha Condé, tous trois considérés comme favoris.

4 millions d'électeurs sont attendus dans les bureaux de vote, placés sous la supervision de 3965 observateurs nationaux et internationaux.

Certes, les moyens ont manqué pour rapprocher davantage les électeurs de leurs centres de vote et 500 000 d'entre eux devront se suffire d'un simple récépissé en guise de carte d'électeur. Mais un réel engouement a été largement constaté à travers tout le pays qui montre que les Guinéens veulent résolument mettre un terme aux désordres qui ont marqué particulièrement le dernier régime en date, celui du capitaine Camara, qui s'était singularisé par les violences que l'on sait : plus de 150 personnes ont été exécutées dans un stade, avec l'accord apparemment tacite de ce dernier.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki Moon, a exhorté les Guinéens à se rendre nombreux aux urnes et surtout à s'exprimer pacifiquement pour donner un sens crédible à cette élection.

Rappelons que la Guinée a été tenue d'une main de fer par Sekou Touré, président à vie, de 1958 à 1984, à qui l'on attribue de graves purges sanglantes. Le général Lansana Conté lui a succédé, de 1984 à 2008, avant d'être chassé du pouvoir par le capitaine Camara d'aussi triste mémoire encocre.

En cas de succès de cette élection, ce qu'il faut, bien sûr, souhaiter à ce malheureux pays, il est fort à espérer que le signal sera ainsi donné aux peuples africains de se départir au plus vite de leurs dictatures respectives.

"Sous réserve de la confirmation par la Cour suprême, sont retenus pour se présenter au second tour les deux candidats ayant recueilli le plus grand nombre de suffrages exprimés au premier tour: ce sont respectivement et par ordre de suffrages obtenus, M. Cellou Dalein Diallo et M. Alpha Condé", a annoncé mercredi dernier le président de la Commission électorale nationale, Céni, Ben Sékou Sylla.

Cellou Dalein Diallo est arrivé en tête avec 39,72 % des suffrages et son concurrent, l'éternel opposant à tous les régimes depuis l'indépendance de la Guinée, Alpha Condé, 20,67 % seulement.

Le favori, Cellou Dalein Diallo, 58 ans, dirige l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le parti du charismatique opposant Mamadou Bâ décédé en 2009. Cet économiste a déjà fait partie du gouvernement de Lansana Conté, de 1996 à 2006.

Il devra affronter vers la fin juillet - la date n'est pas encore précisée - son adversaire, Alpha Conté, un homme de 73 ans, dit l'éternel opposant ayant toujours vécu à l'étranger et plus exactement à Paris.

Condamné à mort en 1970, du temps de Sékou Touré, ce dernier a quand même écopé de deux années de prison, qu'il a passées entre 1998 et 2001, pour "atteinte à la sûreté de l'Etat", sous le régime de Lansana Conté.

On laisse entendre, enfin, que ce scrutin a été, malgré toutes les dispositions prises, entaché de fraudes. Et les éventuelles contestations doivent être exprimées dans un délai de 8 jours devant la Cour suprême.

Prévu pour hier, 8 juillet, le second tour de la présidentielle guinéenne est renvoyé sine die.

La Cour suprême avec qui la Commission électorale se tient en relation pour définir en commun la date de ce scrutin n'a pas pu se prononcer. Elle se trouve encore au stade de l'examen des plaintes reçues des candidats - ou de leur parti politique -, considérés comme exclus du second tour. Comme elles sont multiples, la haute cour doit se donner le temps de les vérifier toutes, avant de déclarer les candidats définitivement retenus pour le second tour et de fixer sa date.

Des désordres ayant vu le jour hier, à quatre jours du second tour de l'élection présidentielle, tout porte à croire que cette dernière sera reportée au 31 octobre.

D'abord, des militaires ont tiré à balles réelles sur des manifestants causant la mort de deux personnes et en blessant 29 autres. Ensuite, les locaux de la CENI (Commission électorale) ont été vandalisés : 17 ordinateurs destinés au comptage des voix ont été volés. On parle aussi de viols en série qui auraient été perpétrés par des bérets rouges dépendant de la garde présidentielle. Enfin, et le problème n'est pas des moindres, les partisans de Cellou Dalein Diallo, le candidat arrivé favori au premier tour (43 % des voix), réclamaient le départ du président de la Commission nationale électorale indépendante (Ceni). Ce dernier est accusé de favoriser le camp adverse d'Alpha Condé, l'autre candidat en lice (18 % des voix au premier tour, le 27 juin).

Hier, un ministre a annoncé à la télévision qu'en réponse à la requête du candidat Cellou Dalein Diallo, un général malien, Siaka Toumani Sangaré, représentant de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) en Guinée, a été nommé à la tête de la Ceni.

Les réserves étant donc à présent levées, l'on pense que le scrutin aura lieu le 31 octobre prochain.

Selon une dépêche de l'AFP, Siaka Toumani Sangaré, le président de la CENI (Commission électorale nationale indépendante), a annoncé le report à une date ultérieure du scrutin du 2è tour des élections présidentielles qui était prévu pour ce dimanche.

"Je ne voudrais pas me précipiter et envoyer les électeurs aux urnes dans des conditions déplorables qui ne respectent pas les normes internationales, ce qui entraînerait ensuite la contestation des résultats", a-t-il déclaré, avant d'ajouter : "Il apparaît clairement à tous que l'échéance de dimanche n'est pas tenable (…). Une date réalisable et raisonnable sera fixée".

Tout le dispositif à mettre en place souffre en effet d'un retard énorme. Or, pour les organisateurs, il n'est pas question de donner une quelconque occasion pouvant mettre en question la validité et le sérieux d'un vote capital, qui, s'il est réussi, pourrait avoir un impact considérable à l'échelle de tout le continent africain.

La date du scrutin pour le 2è tour des élections présidentielles est fixée au 7 novembre prochain, a-t-il été décidé par décret présidentiel annoncé aujourd'hui à la télévision guinéenne. C'est le résultat d'un consensus obtenu hier soir entre le président de la transition, le général Sékouba Konaté, et les deux candidats en lice, Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé, en présence du représentant du médiateur burkinabé, le général Ali Traoré, le président de la CENI (Commission électorale) et des personnalités religieuses.

Initialement, il était prévu d'organiser ce 2è tour pour le 31 octobre, mais les scènes de violences qui ont marqué ces derniers jours ont obligé son décalage d'une semaine, le temps pour les deux candidats de prendre suffisamment contact avec leurs électeurs afin de les appeler au calme.

C'est aujourd'hui que les électeurs guinéens doivent départager les deux candidats en lice retenus à l'issue du premier tour, Cellou Dalein Diallo, ancien Premier ministre de 2004 à 2006 et l'opposant Alpha Condé.

À la clôture du scrutin, les observateurs ont noté unanimement le calme qui l'a caractérisé tout au long de la journée. Nulle part il n'a été signalé en effet de violence comme on pouvait s'y attendre, les deux candidats ayant fini par réveiller des sentiments inter-ethniques susceptibles de mettre le feu aux poudres.

Finalement, le vote s'est bien passé, ce dont les candidats se sont félicités, et il ne reste plus qu'à attendre la proclamation des résultats prévue en principe pour mercredi prochain.