Après sept mois quasiment de rupture de ses relations avec l'Algérie, suite au match de football du Caire où les joueurs algériens ont été sauvagement caillassés à la sortie de la ville, l'Egypte, par la voix de son ministre des Affaires étrangères émet à présent le vœu de vouloir les reprendre, selon un communiqué repris par la presse algérienne. Rappelons qu'alors l'ambassadeur égyptien accrédité à Alger avait été immédiatement rappelé et il n'a repris ses fonctions qu'un mois plus tard et en catimini.
En d'autres termes, le Caire s'étant rendu compte de sa perte considérable, au moins au plan économique, résultant de cette rupture avec Alger, souhaite bien mettre fin à cette dernière, sans pour autant s'estimer en devoir d'exprimer au minimum ses excuses sinon ses regrets pour les graves atteintes commises publiquement à l'endroit du peuple algérien, de son histoire et de sa révolution par ses représentants officiels. Ces derniers, depuis la ligue des avocats jusqu'à des ministres en fonction, de longues semaines durant, avaient cru bon d'insulter publiquement les valeurs, la résistance et les symboles algériens, sans la moindre retenue, plaçant Alger dans la position fâcheuse, inconfortable et surtout indésirable ne laissant d'autre place qu'à l'éventualité d'une véritable déclaration de guerre en bonne et due forme pour essuyer l'outrage essuyé.
Mais, aujourd'hui, à la manière d'un enfant voulant se rabibocher avec un autre, en disant : "effaçons tout et recommençons", le ministre feint de croire qu'il suffit de rappeler l'esprit "fraternel" unissant faussement les peuples arabes d'Egypte et de l'Algérie pour que des insultes aussi basses qu'indécentes soient rangées aux oubliettes. Il perd simplement de vue que toutes les insanités débitées à l'encontre des Algériens ont plutôt permis à ces derniers de se ressourcer et de se retrouver dans des origines principalement berbères n'ayant rien de commun avec l'arabisme égyptien.
Les Algériens, avisés dès ce matin par la presse de l'approche égyptienne, attendent donc avec impatience la réaction de leur gouvernement sur le sujet. Ils savent que cet appel du pied ne peut rester sans réponse, mais en même temps ils craignent, arabisme officiel oblige, que les tenants du pouvoir cèdent sans la moindre hésitation, en se comportent exactement comme ces enfants heureux de mettre fin à leur chamaillerie.
La gifle administrée par l'Egypte, en novembre dernier, leur paraîtrait alors plus inacceptable qu'ils ne pouvaient le concevoir. Mais, connaissent en même temps l'attachement viscéral à l'arabité de leurs représentants autoproclamés depuis l'indépendance du pays, ils estiment que la douche froide suivra inévitablement...