L'on sait qu'Amara Benyounès, l'ex numéro 2 du RCD, qui a claqué la porte du parti avec fracas, fin 2001, a créé peu après son propre parti, l'UDR. Constituée pour l'essentiel par d'anciens militants du RCD, démissionnaires ou refoulés pour de multiples raisons souvent peu avouables, l'UDR a tenté, depuis lors, de s'insérer dans le champ politique sans vraiment y faire de percée réelle. Il lui manquait la chose essentielle, autrement dit le sésame de l'agrément officiel, sans lequel toute activité politique lui est quasiment interdite, et sans lequel aussi, faute de subventions sur les fonds publics, il reste enfermé dans sa coquille.
C'est pourquoi Amara a agité ciel et terre, tout au long de ces dernières années, pour obtenir cet agrément indispensable, sans jamais y réussir. Seul son engagement direct au côté de Bouteflika, lors des élections présidentielles de 2004 et avril 2009, a fini apparemment par être payé de retour : l'UDR serait en voie de recevoir son feu vert d'ici à la fin du mois en cours. C'est du moins ce que laisse entendre une dépêche publiée par TSA, qui indique en même temps que l'autre parti de Mohammed Saïd, d'obédience islamiste, le PLJ (Parti pour la liberté et la justice) serait un autre bénéficiaire bienheureux.
Mohamed Saïd, un proche de Taleb Ibrahimi, l'islamiste et ancien ministre de Boumediene puis de Chadli, avait joué autrement pour arriver à ses fins. Il était du nombre des candidats aux dernières élections présidentielles et ne se serait présenté, sachant d'avance qu'il ne pourrait être élu, qu'en contrepartie de l'assurance d'obtenir l'agrément de son parti.
Les autres formations en gestation, dont les demandes d'agrément remontent pour certaines à bien plus vieille date, comme celle de Ghozali, peuvent, elles, toujours attendre dans l'antichambre, même quand elles présentent un plus vaste et plus sérieux aréopage de dirigeants et de militants sincères et dévoués à la cause nationale. Elles n'ont aucune chance d'être agréées, vu la place qu'elles convoitent toujours au sein de l'opposition. Le régime de Bouteflika accepte volontiers l'insertion de nouveaux partis animés du souci unique de le soutenir mais rejette les autres susceptibles de faire barrage à sa pérennité. C'est là une conception peut-être étrange mais tout algérienne de la démocratie que l'échiquier politique, dans son ensemble, rend sienne tant qu'elle ne remet pas en cause sa propre survie.