Un accord, que les deux parties se félicitent d'avoir conclu et paraphé ce matin, met fin, d'une part, à l'hypothèque de l'évacuation de la flotte de guerre russe de Sébastopol en 2017 ; d'autre part, à l'instabilité des livraisons de gaz russe à l'Europe.
Moscou et Kiev sont parvenus, en effet, à prolonger de 30 ans la durée d'installation de la flotte russe en Crimée. L'ancien président Youtchenko, qui se disait fervent allié de l'Europe et de l'Occident, s'était promis de ne pas renouveler l'accord arrivant à expiration en 2017. Mais, évincé récemment du pouvoir et remplacé par Yanoukovitch, un proche de Moscou, les espoirs de Youtchenko fondent donc au soleil.
En contrepartie de la location ainsi octroyée, à hauteur de 100 millions de dollars par an, les Russes consentent à leurs partenaires ukrainiens une réduction sensible du prix du gaz qui permettra d'accroître le volume à consommer en Ukraine.
L'Europe, qui a vécu ces deux ou trois dernières années sur la corde raide à cause de l'instabilité qui a frappé ses achats de gaz russe transitant par l'Ukraine, peut donc s'estimer rassurée désormais et n'éprouvera nul besoin de rechercher de nouvelles sources d'approvisionnements plus sûres.
Mais, d'un autre côté, le fait pour l'Ukraine d'avoir convenu semblables dispositions avec Moscou éloigne pour l'Europe la perspective de pouvoir compter sur Kiev comme nouvel allié pris à l'ancien empire soviétique. D'ailleurs, le dernier conflit russo-géorgien a bien montré qu'en verrouillant la mer Noire, les Russes ont mis quasiment l'Occident dans l'impossibilité de ravitailler Tbilissi selon leurs désirs.
Par voie de conséquence, le nouvel accord russo-ukrainien placera inévitablement cette dernière capitale dans l'incapacité de réaliser le rêve tant caressé de se joindre à l'OTAN et à l'U.E.