Un vaste mouvement de grève paralyse, depuis dimanche en Algérie, l'ensemble des écoles primaires, des collèges, des lycées et même de quelques universités.
Les syndicats autonomes, qui ont engagé ce mouvement, menacent de le faire perdurer aussi longtemps que l'exige la fin de non-recevoir manifestée jusqu'ici par l'administration de l'Education nationale. Aussi, envisagent-ils d'ores et déjà de prolonger leur arrêt de travail jusqu'à la fin de la semaine et même au-delà encore tant que leurs revendications n'auront pas abouti.
Le ministre concerné, Benbouzid, réagit, lui, par la menace de faire déclarer cette grève comme illégale par la Justice et de faire, comme tel a été le cas l'an dernier, les ponctions nécessaires sur les salaires des enseignants en grève.
Mais, vu la dimension nationale prise par la fermeture des écoles dans de très larges proportions, c'est le gouvernement tout entier qui en est interpellé. Et ce dernier reste loin d'ignorer qu'en lâchant la moindre augmentation de salaires au profit d'un secteur constitué de centaines de milliers de fonctionnaires l'impact en résultant ne peut être qu'extrêmement lourd pour le trésor public. Or, en ces périodes de vaches maigres où le pétrole, qui reste encore la seule ressource du pays, est cédé à un prix, très en-deçà des attentes, qui ne peut satisfaire des besoins de plus en plus lourds, il n'est pas nécessaire d'être grand clerc pour comprendre que tout nouveau déséquilibre du budget national est porteur de graves conséquences sur l'économie tout entière.
Aussi, faute d'arguments valables les déplorables gesticulations de Benbouzid restent-elles si peu convaincantes que le mouvement de grève risque de perdurer, cette fois beaucoup plus longtemps qu'il ne l'a jamais été par le passé. L'érosion particulièrement sensible du pouvoir d'achat, d'une part, les promesses en l'air faites à ces mêmes fonctionnaires ne réussissant, d'autre part, qu'à exacerber la tension même chez les moins revendicatifs d'entre eux, il va de soi que l'école en pâtira immanquablement et que l'avenir des élèves pour cette année est appelé à être gravement compromis.