TSA - 14.03.2012
par Merouane Mokdad
Le nombre réel de personnes handicapées en Algérie fait polémique. Une enquête nationale, la première du genre en Algérie, a été lancée en décembre 2011 par le ministère de la Solidarité nationale et de la Famille pour établir avec exactitude la situation de cette frange de la population aux besoins spécifiques. « Cette enquête nous permettra de disposer de données statistiques fiables permettant une évaluation précise, qualitative et quantitative de la situation et des besoins des personnes handicapées », a indiqué Ali Nabaoui, directeur de la protection et de l’insertion des personnes handicapées au ministère de la Solidarité nationale, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Actuellement, le nombre total des handicapés (moteurs, visuels, auditifs, psychiques) est estimé à deux millions de personnes (soit une prévalence de 5 %, selon le dernier rapport mondial relatif à cette catégorie de la population).
Ali Nabaoui a précisé que le cadre préalable de l’enquête a déjà été défini et que l’échantillon a déjà été fixé avec la contribution de l’Office national des statistiques (ONS). Un échantillon estimé à 60 000 ménages. « L’enquête déterminera si l’allocation donnée aux handicapés est suffisante et bénéfique ou pas. Elle permettra de savoir aussi si les compensations de handicap sont adéquates ou pas. Nous aurons aussi une idée sur les problèmes réels des handicapés, comme l’accessibilité à la santé, à l’emploi, à l’éducation et à la formation », a‑t‑il souligné. Selon lui, l’enquête devra en outre déterminer les différents types de handicap existants en Algérie, par région et par wilaya. « Les fichiers existants dans nos directions ne suffisent pas. Il y a des personnes qui restent chez elles et qui ne se déclarent pas pour bénéficier de l’allocation », a‑t‑il dit.
Le collaborateur de Saïd Barkat a reconnu l’insuffisance de l’allocation mensuelle de 4 000 dinars donnée aux handicapés. « Si l’on veut assurer une intégration et une participation pleine et effective des personnes handicapées, il faut aller vers la compensation. Il faut assurer aux enfants handicapés l’accessibilité à l’école, aux moyens techniques pédagogiques et à la formation. Un enfant handicapé doit être scolarisé dans une école normale », a‑t‑il plaidé.
Il a appelé tous les secteurs à assurer l’accessibilité des handicapés au bâti. « Nous avons travaillé avec le mouvement associatif pour promulguer un texte qui fait obligation à tous les secteurs de construire "accessible" ». Dans le cas contraire, aucun permis de construction ne sera délivré. Ce texte d’arrêté interministériel a été publié en mars 2011. Aux organes de contrôle chargés de délivrer les permis de construction de l’appliquer. « Ce texte concerne uniquement les nouvelles constructions », a expliqué Ali Nabaoui. Il n’a pas écarté la possibilité de rendre obligatoire l’introduction graduelle d’aménagements des bâtisses déjà existantes pour les rendre plus accessibles aux handicapés.