Le Mexique licencie mille douaniers pour collusion avec les contrebandiers

Plus de mille fonctionnaires des douanes, soupçonnés d'être de mèche avec les contrebandiers activant principalement aux frontières étasuniennes, ont été licenciés au Mexique.

L'on sait que ce pays est de longue date déjà soumis à des bandes criminelles très nombreuses et très puissantes qui imposent leur loi, en faisant régner leur seul ordre mafieux. Des dizaines de cadavres jonchent régulièrement le sol dans des règlements de compte qui rendent finalement la vie peu désirable au Mexique.

A côté de ces exactions, trop souvent retentissantes, existe sur la frontière longeant le Texas, un trafic de contrebande qui a amené les USA à construire carrément un haut mur de séparation, constamment surveillé à la fois par les policiers et des milices populaires. On n'y déplore pas, en effet, qu'une circulation illégale de marchandises et surtout de drogue mais aussi des mouvements migratoires qui ont fini par agacer Washington.

Le fait que les révocations décidées dans le milieu douanier concerne surtout les fonctionnaires activant sur cette frontière est suffisamment révélateur de la pression exercée par les USA sur Mexico pour qu'il mette fin au désordre impliquant ses douaniers.

Le Mexique, dans une mesure conservatoire, a certes confié à l'armée le contrôle des flux frontaliers imparti jusqu'ici aux douaniers, en attendant que la relève puisse être mise en place dans un proche avenir. Mais, rien n'assure que les militaires ne prendront en même temps le relais des fonctionnaires indélicats.

En tout cas, les Algériens seraient bien avisés de prendre exemple sur le Mexique en mettant à la porte des centaines et des centaines de douaniers véreux, qui ont fait fortune sur le dos du contribuable. Par contre, ils devront réfléchir sérieusement à leur remplacement non par des militaires mais par un corps tout neuf à créer sur des bases saines et suffisamment contrôlables.

Ce n'est pas peu dire. Selon les autorités judiciaires locales, 25 personnes ont été tuées depuis dimanche, dans des règlements de compte au nord du Mexique, par des bandes rivales activant dans le trafic de drogue. Huit d'entre elles sont tombées à Ciudad Juares, une ville de 1.3 million d'habitants située à la frontière avec les USA.

Dans cette même ville, d'ailleurs, 2000 autres personnes ont été abattues en 2008, en liaison direct avec le trafic des stupéfiants.

Au lieu de chuter, le nombre des homicides a plutôt augmenté dans le pays, depuis que le président Calderon a décidé d'en finir avec les différents cartels de la drogue. Il a dépêché au Nord quelques 36 000 militaires dans cette intention, suscitant du coup la colère des policiers désarmés à dessein, parce qu'ils étaient soupçonnés d'activer en collusion avec les trafiquants.

L'emprise de ces derniers y est telle qu'en février dernier, le chef de la police de Ciudad Juarez a dû démissionner, sous leur pression. Ces narcotrafiquants exigeaient son départ sous la menace d'abattre sinon un policier tous les 48 heures. Il a fini par céder, après la mort du deuxième policier qui se trouvait être son adjoint.

De nouveaux assassinats ont été commis, hier, dans cette ville devenue célèbre par les crimes qui la distinguent, Ciudad Juarez, située au nord et à la limite frontalière avec les Etats-Unis.

Une bande armée d'un cartel de trafiquants de drogue s'est introduite dans un centre de désintoxication, pour y tuer dix-huit personnes et en blesser cinq autres.

Les massacres entre bandes rivales à Ciudad Juarez comptent déjà 1150 morts entre janvier et juillet 2009, contre 1600 pour toute l'année 2008. C'est dire qu'une espèce de guerre interminable décime ces organisations criminelles qui vivent de l'exportation de drogue dure vers les USA.

Dans tout le Mexique, c'est un total de 10 000 personnes qui ont été abattues dans les mêmes conditions depuis le 1er janvier 2008, et ce en dépit des renforts, par 36000 nouveaux militaires et policiers, dépêchés sur les lieux sensibles pour lutter contre ces cliques de malfrats.

Le journaliste, Norberto Miranda Madrid, qui enquêtait sur les crimes commis par la mafia de la drogue au nord du Mexique, a payé de sa vie son excès de témérité. Il a été abattu au siège même de la chaîne de radio qui l'employait. Et tout semble indiquer, à en juger par les calibres différents des balles qui ont causé sa mort, que plusieurs tueurs sont responsables de son assassinat.

Cet homme de 44 ans, qui s'inscrivait dans une ligne politique de gauche et aspirait même à se faire élire aux municipales et au Parlement, avait affaire en vérité à très forte partie. Deux gangs s'affrontent dans ces territoires offerts à la drogue et aux crimes de sang. D'un côté, le cartel de Juarez, et de l'autre, celui de Sinaloa, tous deux ne reculant devant rien et se disant maîtres du terrain, malgré la présence de troupes de police très nombreuses envoyées sur place.

Plus de 1700 morts ont été déjà recensés à Ciudad Juarez depuis le début de l'année. Cela suffit pour élever cette cité au rang de la ville la plus dangereuse du territoire, contribuant ainsi à classer le Mexique au nombre des pays peu fréquentables.

La direction de la police mexicaine a licencié 3200 agents, soit un dixième de ses effectifs, annonce une dépêche de l'AFP d'aujourd'hui.

La police est aux prises avec les cartels de la drogue qui ont installé depuis des années déjà l'insécurité dans le pays. Même enfermés dans les prisons, les principaux chefs de cette mafia continuent, grâce aux moyens financiers colossaux dont ils disposent, de faire régner une terreur effroyable à Mexico principalement. Leurs séides sont manipulés avec l'aide de téléphones portables pour exécuter toutes les missions de leur choix, y compris les assassinats de fonctionnaires et de civils sur n'importe quel point du territoire.