Alors que depuis près d'un mois l'on se félicitait d'avoir non seulement colmaté la fuite du puits, qui est à l'origine de la marée noire considérée comme étant la catastrophe écologique la plus lourde qu'aient connue les Etats-Unis, mais aussi résorbé par évaporation, biodégradation, pompage et autres la plus grande masse du pétrole ayant émergé en surface, voici qu'apparaissent de nouvelles données inquiétantes qui remettent en cause cette résorption. Un épais nuage d'hydrocarbures de quelques trente-cinq kilomètres de long sur 1,9 kilomètre de large et 200 mètres de hauteur, à plus de 900 m de profondeur, s'est constitué en menaçant l'ensemble de l'écosystème.
Des océanographes américains, de Woods Hole Oceanographic Institution (WHOI), le plus célèbre institut mondial spécialisé en océanographie, ont établi formellement que ce nuage, qu'ils appellent panache, provenait bien du puits en question. Ils reconnaissent aussi que la biodégradation dans les fonds marins s'opère effectivement mais à une allure extrêmement lente. "Non seulement nous avons démontré qu'il existe bien un panache de pétrole dans le golfe du Mexique, mais nous avons également déterminé son origine et sa composition", déclare Richard Camilli, de la WHOI, chef de l'expédition scientifique et principal auteur de l'étude sur le sujet, parue dans la revue américaine Science, datée du 20 août.
Les scientifiques ignorent l'impact de ce panache sur l'écosystème en l'état actuel des connaissances, ni comment il s'est formé. De nombreuses questions restent encore en suspens, comme, par exemple, la direction dans laquelle il se déplace, sa profondeur, sa toxicité, etc.
Ils estiment, enfin, que, contrairement à ce qui a été annoncé jusqu'ici, 80 % au moins du pétrole échappé du puits se trouve encore dans l'océan.
Tous ces chamboulements mettent, bien sûr, à rude épreuve les évaluations les plus optimistes faites jusqu'ici tant par le gouvernement que par les institutions spécialisées.
La compagnie BP n'est en tout cas pas au bout de ses peines.