Du nouveau dans l'affaire Achour Abderrahmane

Alors que le parquet l'avait laissé en liberté provisoire, dans le cadre de l'affaire Achour Abderrahmane, Hachemi Zouaï, ancien commissaire de police à Tipaza, n'a pas jugé bon de se présenter aux convocations qui lui ont été adressées par la justice. Il s'est même soustrait à cette dernière. Mais, repéré ce matin à Annaba, il a été mis fin immédiatement à sa cavale.

Le procès d'Achour auquel il est mêlé, pour avoir falsifié des documents administratifs afin de protéger son ami qui avait détroussé la BNA de 32 milliards de dinars avant de prendre la poudre d'escampette vers le Maroc, doit en principe s'ouvrir le 18 prochain au niveau de la Cour criminelle d'Alger.

Achour, qui avait défrayé la chronique, en se faisant remarquer au Maroc où il a trouvé refuge et investi les milliards volés aux contribuables algériens, a fini par se faire extrader sur demande de l'Algérie.

Il aura à répondre des vols perpétrés à la BNA, avec la complicité bien sûr de responsables de cette banque publique. Il faut seulement espérer que le procès, pour être conduit vers l'issue convenable, ne subisse pas d'interférences, comme cela arrive souvent dans ce type d'affaires où se compromettent d'importants dirigeants du pays.

Mais, comme il s'agit de sommes extrêmement importantes qui sont en jeu, l'on peut légitimement craindre que la justice ne puisse passer, à l'inverse de ce qu'espère l'homme de la rue.

La montagne aura accouché d'une souris, dans le procès intenté à Achour Abderrahmane et à son complice, Hachemi Zouaï, le commissaire de police poursuivi pour falsification de documents administratifs.

Le tribunal criminel d'Alger qui a eu, hier, à juger cette affaire l'a expédiée en deux temps trois mouvements : 4 ans de prison et 1 million de dinars d'amende retenus contre Achour et relaxe pour son complice.

Dans ce pays où tout est déréglé l'on peut écoper de 10 ou 20 ans de prison pour un délit mineur valant sous d'autres cieux quelques semaines voire quelques mois de prison mais quasiment rien si l'on est poursuivi pour un détournement aussi gigantesque de 3200 milliards de centimes. Achour ayant déjà passé au moins deux ans derrière les barreaux, il a dû quasiment être élargi au tribunal même, compte tenu de sa bonne conduite ou d'une réduction de peine décidée en haut lieu.

Si le ministère public ne casse pas le jugement, ce sera décidément la porte ouverte à tous les malfrats du pays qui seront bien avisés de mettre la main sur les plus gros lots, puisqu'ils ne risquent au final rien de bien sérieux.

Non ! Le jugement des inculpés n'a été rendu qu'aujourd'hui par le tribunal criminel d'Alger qui a conduit le procès tout au long de ces onze derniers jours.

Achour Abderrahmane, le principal inculpé, a été condamné à 18 ans de prison, ainsi qu'à la saisie de ses biens. Aïnouche Rabah, associé d'Achour, Merarbi Hassiba et Setouf Baghdad, ses employés complices ont écopé aussi de la même peine.

16 employés de la BNA, directement concernés par cette affaire, ont récolté des peines de prison variables d'un à 14 ans.

En revanche, l'ex directeur général de la BNA, Chikhi Mourad, et les quatre commissaires aux comptes poursuivis, ont été tous relaxés.

L'affaire a pris naissance sur une dénonciation anonyme faisant état de la circulation illégale de chèques émis par Achour Abderrahmane. Il est devenu coutumier en effet que les employés des banques s'acoquinent avec des clients véreux pour laisser des chèques sans provision sommeiller dans leurs tiroirs. C'est l'autre facette de l'affaire de la BADR de Birkadem jugée il n'y a pas si longtemps.

L'affaire Achour Abderrahmane et de sa bande de truands qui avaient délesté la banque BNA de 32 milliards de dinars (soit 300 millions d'euros environ) ressurgit, d'après une dépêche TSA d'aujourd'hui.

Quinze officiers de police dénoncés par Yacine Oussadit, ex commissaire principal de la police criminelle d'Alger récemment arrêté apparemment, doivent répondre devant les enquêteurs des actes de corruption qui leur auraient profité directement de la part d'Achour, condamné à 18 ans de prison.

Oussadit, actuellement incarcéré à la prison de Tizi Ouzou et considéré comme proche de l'ancien chef de la police d'Alger, Messaoud Ziane, aurait lui aussi bénéficié d'avantages du même corrupteur. Entre autres, il aurait obtenu un logement, un restaurant à la rue Debussy au centre de la capitale et des voitures de grand standing.

Pour sa part, Ziane aurait acquis, grâce à l'aide d'Achour, une villa, un salon de coiffure et des véhicules.