Désormais, il n’y a pas que les Démocrates qui rejettent la poursuite de l’engagement américain en Irak. Dans les rangs républicains, aussi, on ne croît plus au projet d’y restaurer la paix par la force et moins encore à la prétention d’élever ce pays au rang d’une démocratie, modèle Bush.
Richar Lugar, le sénateur républicain, cité par Le Monde du 27 juin, estime même que la mise en place, dans ce pays, d’un "gouvernement stable, multicommunautaire, dans un délai raisonnable" devient quasiment "impossible". Allant plus loin encore, ce représentant de l’Indiana, connu pour ses compétences avérées en politique étrangère, en appelle d’ailleurs "à une réduction et à un redéploiement des forces militaires américaines sur des positions plus viables en Irak et au Proche-Orient".
De telles "bases militaires permanentes ou temporaires" doivent être installées, dit-il, sur des "positions défendables en Irak, hors des secteurs urbains", afin de "répondre aux attaques terroristes, de protéger les flux pétroliers et d’aider à prévenir une guerre régionale".
D’après ce même sénateur, la stratégie de Bush "a perdu le contact" avec "les intérêts vitaux de sécurité nationale" et ses "coûts et risques surpassent les bénéfices potentiels". La politique conduite jusqu’ici pourrait de plus, à son avis, déboucher sur "un retrait mal planifié" qui "saperait" alors les intérêts américains dans la région. "Nous avons surestimé ce que le militaire pouvait accomplir", conclue-t-il.
De son côté, rapporte le même journal, Georges Voinovich, sénateur de l’Ohio, demande carrément à Bush "un plan global" visant "un désengagement militaire graduel de l’Irak".
Le Pentagone, lui, se rend progressivement à l’évidence, en reconnaissant d’ores et déjà que les renforts de troupes opérés ces derniers mois n’ont en rien amélioré la situation dans le pays, lequel vient de vivre, tout particulièrement ces deux derniers mois, les violences les plus meurtrières et les plus sanglantes depuis l’occupation.