Le piratage de navires se développe autour de l'Afrique

L'on se croirait revenus à deux ou trois siècles en arrière : un voilier de luxe français naviguant entre la Somalie et le Yemen a été piraté cet après-midi. Trente membres de son équipage, de nationalité essentiellement française, sont depuis lors séquestrés dans le navire même.

L'armateur, la CMA-CGM a déclaré que ce dernier venait de quitter, sans passagers, les Seychelles et entrait dans le golfe d'Aden au moment de l'attaque.

Les côtes somaliennes sont réputées être des régions dangereuses où sévissent de nombreux pirates qui délestent les navires de leur cargaison et imposent des rançons avant de libérer leurs otages.

Les autorités françaises ont aussitôt déclenché l'alerte nécessaire pour permettre la mobilisation des moyens disponibles sur place et alentour, y compris en recourant à l'aide des forces alliées installées dans cette zone.

Le bateau est un trois-mâts de 88 mètres, capable de transporter 64 passagers. Il a pour nom Le Ponant et navigue souvent dans ces eaux-là.

Une dépêche de l'AFP de la mi-journée fait état de l'acheminement du navire piraté en direction des côtes nord-est somaliennes. Un aviso de la marine française est toutefois sur ses traces. Mais, en raison de la présence à son bord de 30 membres de l'équipage civil, soit 20 Français et 10 Ukrainiens, le Ponant présente de sérieuses difficultés d'abordage par les forces d'intervention à présent réunies.

Selon le ministre de la Défense, Hervé Morin, aucun contact n'a été entrepris jusqu'ici "ni avec l'équipage du bateau ni avec les pirates". Et tout semble indiquer, a ajouté le ministre, que le navire se dirige vers une île protégée à partir de laquelle les revendications des pirates commenceront à se manifester.

Les autorités somaliennes ont déclaré leur incapacité à barrer la route aux pirates et encore moins à les arrêter.

Aussi, les Français ne comptent-ils pour l'instant que sur leurs propres moyens pour donner l'assaut à ces derniers, un assaut qui, vraisemblablement, devra être ordonné dans les prochaines heures ou encore durant la nuit prochaine.

Finalement, les autorités françaises n'ont pas donné, jusqu'ici, l'ordre d'assaut attendu, même si elles disposent de moyens militaires suffisants pour intervenir.

Les dernières dépêches confirment que l'aviso suit toujours le voilier à distance respectable et contrôle ses mouvements. L'on sait aussi qu'une dizaine de pirates solidement armés sont visibles sur le pont du navire, que les otages sont sains et saufs et se portent bien et que le commandant de bord est entré en contact avec l'armateur pour lui faire le point de la situation.

Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, n'a pas éludé de son côté la question de savoir si la France se plierait éventuellement au dictat des pirates. A la question : "Est-ce que la France est prête à payer une rançon ?", il a répondu "Nous verrons bien !"

Le gouvernement s'est dit unanimement préoccupé du sort des otages et qu'il fera tout en son pouvoir pour éviter de mettre leur vie en danger.

En attendant, le navire poursuit sa route le long des côtes somaliennes, traînant derrière lui deux hors-bord vides.

Les otages du Ponant ont été finalement libérés, sans effusion de sang, au terme d'une longue négociation entre les pirates et les autorités françaises.

C'est la présidence de la République française qui l'a déclaré, ce matin, par un communiqué rendu public, laissant simplement entendre "qu'il n'y a pas eu d'intervention armée, qu'il n'a pas eu de coup de feu tiré, et que ça s'est passé dans le calme".

Rien n'a filtré, bien sûr, de la teneur des négociations, dont l'on suppose que le paiement seul d'une rançon aux pirates explique la libération des otages.

Interrogé à ce sujet, le ministre des Affaires étrangères s'est simplement contenté d'indiquer que le retour de ces derniers sera incessamment organisé et que parmi eux se trouvaient six Philippins, un Camerounais et une Ukrainienne, les 22 autres étant naturellement français.

Les gendarmes du GIGN dépêchés sur les lieux n'ont donc pas eu à intervenir, de même que les marins engagés dans la surveillance du navire séquestré depuis le 4 avril dernier.

Kouchner a enfin demandé à l'ONU d'organiser une surveillance étroite des eaux proches de la somalie, où, selon lui, 230 à 300 bateaux ont été pris, en 2007, dans le filets des pirates.

Des nouveaux rebondissements de cette affaire font l'objet, ce soir, de dépêches plus ou moins contradictoires.

Ainsi, quand un gouverneur somalien annonce que trois pirates ont été tués après la libération des otages, les autorités, notamment militaires, françaises démentent pour ne reconnaître qu'un seul blessé léger au pied parmi les pirates.

Christophe Prazuck, capitaine de vaisseau de l'état-major des armées, a été plus précis en déclarant : "Quatre hélicoptères étaient impliqués. Un tireur d'élite présent dans l'un d'eux a stoppé le 4X4 des pirates en tirant dans le moteur. Une fois le véhicule immobilisé, un second hélicoptère s'est posé à proximité permettant d'appréhender les six pirates qui se trouvaient à bord sous la couverture de deux autres hélicoptères d'attaque, des Gazelle", avant d'ajouter : "Nous sommes absolument sûrs qu'il n'y a eu aucune victime collatérale lors de cette opération qui s'est déroulée à une dizaine de kilomètres à l'ouest de Garaad".

Six pirates en tout cas ont été faits prisonniers, confirmait tantôt le général J. L. Georgelin, chef d'état-major des armées, qui a ajouté : "nous avons récupéré quelques sacs intéressants... on a récupéré une partie de la rançon qui a probablement été versée".

Autrement dit, une rançon aurait donc été versée, non pas par le détachement militaire intervenu dans l'opération, mais par l'armateur, la CMA CGM, ayant elle-même agi par l'entremise de sa filiale, la CIP.

En fait, l'action militaire engagée contre les pirates n'aurait eu lieu qu'une fois les otages placés en toute sécurité dans un navire de guerre français ; ce qui explique l'attaque du 4x4 par hélicoptère et la présence de billets de banque découverts dans les affaires des malfrats appréhendés.

On en sait encore un peu plus des circonstances qui ont entouré la libération des otages du Ponant sur les côtes somaliennes.

Quatre navires avaient encerclé le Ponant : deux frégates, le Commandant Bouam et le Jean-Bart, le navire école Jeanne d'Arc qu'on avait spécialement dérouté, le pétrolier ravitailleur Var. A l'appui des commandos de marine parachutés en mer, sous le commandement de l'amiral Gillier, un avion dit Atlantique II et six hélicoptères assuraient la surveillance aérienne.

Pendant que se mettait progressivement en place cet étau, les négociations se poursuivaient par radio entre l'armateur installé à Marseille et les pirates et finirent, vendredi 11 avril, par aboutir à un accord sur la rançon. Pour l'échange, rendez-vous est pris, ce jour-là, sur l'eau, entre trois gendarmes du GIGN, chargés du transport des fonds d'un montant de 2,5 millions de dollars, et trois pirates. Les otages sont alors vite libérés et chargés sur des embarcations qui vont les conduire sur le Jean-Bart.

C'est seulement une fois ces derniers placés en sécurité que se déclenche l'autre volet de l'opération militaire montée sous le nom de Thalathine, voulant dire 30, un chiffre qui rappelle celui des otages.

Le 4x4, qui avait servi au transport des fonds vers Garaad, une localité proche, ayant déjà été repéré à une dizaine de kilomètres de l'endroit, des hélicoptères se sont portés immédiatement à sa rencontre. Un premier tir a bloqué son moteur, et les suivants, de semonce, forcé les six pirates, qui se trouvaient à bord du véhicule, à se rendre. Ligotés ensuite, ces derniers ont été pris en charge par un hélicoptère qui les a transférés ensuite sur le Jean-Bart, où les gendarmes les attendaient pour l'interrogatoire. Un tiers environ du butin, trouvé sur eux, a été récupéré. En revanche, leurs complices et le reste de la rançon se sont fondus dans la nature.

Vraisemblablement, ces bandits seront jugés en France.

source : Journal du dimanche

On se prépare activement, en France, à la préparation d'un procès à instruire contre les six pirates arrêtés lors du dénouement de l'affaire des otages. Les ministres de la Justice et des Affaires étrangères se concertent d'ores et déjà dans cet objectif, juridiquement rendu possible par la présence, parmi les otages, de 22 Français.

Les bandits capturés, avec une part considérable de la rançon, sont d'anciens pêcheurs somaliens, selon l'armée française. Ils se trouvent toujours à bord de la frégate "Jean-Bart" qui cingle en direction de la Méditerranée.

La France compte s'appuyer sur cette affaire pour demander à l'Onu d'engager une action internationale contre les pirates qui écument toute la zone qui s'étend de la corne de l'Afrique au Yemen.

On apprend, enfin, que les pirates ont utilisé leurs armes à feu pour prendre possession du navire Le Ponant. Le capitaine de ce dernier a en effet déclaré que des pompes à eau avaient été actionnées pour repousser les assaillants dès leur première tentative de monter sur le navire. C'est à la suite des coups de feu, heureusement tirés en l'air par ces derniers, que la résolution de leur laisser l'accès a été prise, ajoute le capitaine.

Un nouvel acte de piraterie, au large de la Somalie, a ciblé cette fois un thonier espagnol ayant à son bord 26 membres de l'équipage, dont 13 nationaux.

Le Playa de Bakio a été accosté, hier vers 11 heures, tandis qu'il pêchait dans les eaux somaliennes, a fait savoir le gouvernement de Madrid.

L'embarcation se dirige depuis vers les côtes somaliennes, sous le contrôle des pirates qui ont d'ailleurs mis fin à une communication que le patron du navire avait réussi à établir avec la radio nationale de son pays.

Les pirates semblent toutefois disposés à libérer leurs otages, sitôt que la rançon dont ils ne connaissent pas eux-mêmes le montant sera payée. Selon le patron du bateau, une milice terroriste opérant sur la terre ferme dirigerait l'expédition de piraterie et c'est à elle qu'il reviendrait de fixer ce montant.

Pendant ce temps, Mendez Nünez, une frégate espagnole se trouvant dans la région en mission auprès de la marine britannique et de son porte-avions Illoustrious, cingle en direction du thonier pour tenter de maintenir le contact, vient de déclarer le ministre espagnol des Affaires étrangères.

En parallèle, le collègue de ce dernier, chargé de la Défense, tente de joindre les autorités des pays dont les forces sont disposées aux alentours pour leur demander assistance éventuellement.

Ce matin encore c'est un pétrolier géant japonais qui s'est fait attaquer à la roquette et à l'arme automatique dans le même secteur, indique, par ailleurs, une récente dépêche de l'AFP.

Ces dernières affaires qui surviennent moins d'une semaine après celle du Ponant français, dont l'on sait l'heureux dénouement, préoccupent sérieusement les principales capitales étrangères et justifient l'appel lancé par Sarkozy à l'ONU de sensibiliser la communauté internationale au besoin d'engager sans délai une vaste opération permettant de nettoyer les eaux somaliennes des pirates qui les infestent.

"Le thonier espagnol Playa de Bakio a été relâché après le paiement d'une rançon de 1,2 million de dollars versée pour la libération du bateau et de ses 26 membres d'équipage", annonce du Kenya où il réside Andrew Mwangura, responsable du Programme d'assistance aux marins.

De plus, ajoute Mwangura, le navire espagnol a été mis à sac, lors de l'attaque subie des pirates somaliens.

Le thonier a donc repris sa route vers les Seychelles où il se dirigeait avant d'être intercepté, il y a une semaine, par ces derniers.

Lourdement armés, ces pirates proviendraient de la marine somalienne qui semble s'être totalement disloquée en même temps que l'essentiel des institutions de ce pays livré depuis quelques années à l'entière discrétion du mouvement islamiste armé.

Un pétrolier, supertanker, appelé le Sirius Star, propriété de la société saoudienne Aramco, a été piraté aujourd'hui, au large du Kenya. De taille égale à trois fois celle d'un porte-avion américain, son chargement est estimé à quelques 100 millions de dollars.

Transportant 2 millions de barils de pétrole, le navire, battant pavillon libérien, se trouvait à 800 km de la ville de Mombasa, en haute mer, au moment de l'attaque. Cette dernière a d'autant plus surpris la marine américaine, qu'elle s'est produite si loin des côtes.

25 membres d'équipage se trouvaient à bord. Originaires de Pologne, de Croatie, du Royaume Uni, des Philippines et d'Arabie saoudite, ces derniers semblent être en bonne santé, jusqu'ici.

Ce bateau est, enfin, le 83è ayant fait l'objet d'un acte de piraterie au cours de cette année, soit deux fois plus par rapport à 2007, estime le Bureau maritime international.

Pour l'instant, l'on ne connaît aucune indication sur la nature de la rançon exigée par les bandits qui en ont pris possession, pour se diriger vers la Somalie.

Quand on s'amuse avec le feu, on se brûle, dit l'adage. C'est exactement ce qui vient de se produire, hier soir, au large d'Aden, quand des pirates somaliens se sont mesurés à un navire de guerre indien.

La frégate INS Tabar, qui patrouillait dans le golfe d'Aden, a été subitement attaquée par des tirs, non encore précisés, provenant d'un cargo appelé bateau-mère que les pirates utilisent d'ordinaire pour transporter des vedettes rapides servant à l'attaque des navires commerciaux traversant ces eaux. Elle s'est rapprochée alors du cargo pour le sommer de s'arrêter. Les pirates, armés de lance-roquettes et d'armes automatiques ont cru alors pouvoir imposer leur loi en prévenant qu'ils détruiraient la frégate si elle tentait de trop se rapprocher d'eux. La réaction immédiate du navire de guerre indien a propulsé l'embarcation des bandits dans les profondeurs de l'océan.

L'Inde, pour protéger sa flotte commerciale transitant par ces eaux, a de longue date déjà dépêché des navires de guerre dans la zone. Incessamment, l'Union européenne va également agir de même, en y envoyant cinq ou six navires.

Malgré une perte aussi importante (ils ne disposent plus que d'un seul cargo appelé bateau-mère), les pirates contrôlent, depuis la prise du Sirius, deux autres navires : un chalutier thaïlandais et un vraquier grec, ce qui porte à 94 le chiffre des bateaux piratés dans cette zone depuis le début de l'année.

A propos du supertanker saoudien, l'on a appris, dès hier soir, que des négociations ont déjà été engagées entre les pirates et les propriétaires du pétrolier. Le dépôt de la rançon payable en billets verts est en principe attendu sur ce dernier dans les tout prochains jours.

La société saoudienne Aramco a un délai de dix jours pour payer la rançon de 25 millions de dollars exigée des pirates devenus maîtres du supertanker. Les Saoudiens ont 10 jours pour satisfaire leurs exigences, préviennent-ils, faute de quoi ils s'exposent à perdre sans doute et le navire et sa riche cargaison.

Le bateau est actuellement ancré, depuis mardi, au petit port de Harardere, à 300 km de Mogadiscio. Il rejoint les 17 autres et leurs 250 membres d'équipages non encore libérés à ce jour.

Ces dernières captures de navires commerciaux semblent décider les pays avancés à dépêcher sur les lieux une partie de leur flotte de guerre pour contrer les pirates. Un navire russe, qui sera probablement suivi d'autres, naviguerait déjà en direction de la corne de l'Afrique.

La recrudescence de ces actes de piraterie n'est pas sans inquiéter les pays voisins de la mer Rouge et principalement l'Egypte. Réunis au Caire aujourd'hui, des représentants de l'Arabie saoudite, de la Jordanie, du Yémen et de l'Egypte tentent de trouver une solution pouvant mettre un terme à ce banditisme. Tributaire notamment des droits perçus à l'accès du canal de Suez, l'Egypte craint tout particulièrement que la route maritime passant par Le Cap, en Afrique du sud, supplée, malgré son éloignement, aux déboires causés par les eaux somaliennes.

Le président de la Commission de l'Union africaine, Jean Ping, préfère, lui, que la communauté internationale attaque le mal à sa racine, en rétablissant l'ordre en Somalie.

Les pirates se sont faits de nouveaux adversaires de taille, en Somalie même. Le camp des miliciens islamistes, Shebab, les somme de libérer le navire ou de se préparer à répondre à sa propre action armée.

Il semble, en effet, que les islamistes aient concentré, ces derniers jours, d'importantes forces autour d'Harardhere, en vue d'en découdre apparemment avec les pirates. S'affichant contre ces actes de banditisme interdits par l'islam, disent-ils, ces islamistes répondraient plutôt à des appels pressants de Riadh, propriétaire du pétrolier, qui les manipule en sous-main. D'ailleurs, n'est-il pas curieux qu'une telle réaction de leur part ne soit apparue qu'à la suite de la capture du Sirius, et non avant ?

Pendant que les négociations s'éternisent entre la société Aramco et eux, les pirates consolident, de leur côté, leurs positions. Plus d'une centaine d'autres pirates ont déjà accouru, pour protéger leur proie.

Un tel business aurait déjà rapporté, depuis un an, quelques 150 millions de dollars aux bandits somaliens. Mais, les choses sont désormais sérieusement prises en main par la communauté internationale. Des actions combinées et d'envergure sont déjà en cours de montage et tout indique qu'avant la fin de l'année il sera mis fin sinon à la totalité du moins à une grande partie des activités de piratage dans la corne de l'Afrique.

Le chalutier, Ekawat Nava 5, détruit par la flotte de guerre indienne était en fait lui-même livré aux pirates qui venaient de le capturer au large d'Aden. C'est en repêchant le seul survivant, de nationalité cambodgienne, des 16 membres de son équipage, après qu'il eut dérivé durant quatre jours, que les causes de la méprise ont été révélées.

Apparemment, comme le soutiennent les marins indiens, il y avait bien des pirates sur le pont du chalutier, avant l'attaque, puisque tout l'équipage, sauf le capitaine et le traducteur, se trouvaient ligotés, indique le rescapé.

L'ambassadeur indien convoqué à Bangkok, pour s'expliquer sur cette bavure déplorable, a repris à son compte les explications données par ses compatriotes quant aux causes ayant conduit à la destruction du chalutier. Il y aurait eu des échanges de tirs et des menaces de destruction de la frégate INS Tabar par les pirates si celle-ci venait à s'approcher de trop près du chalutier, etc., a-t-il soutenu à son tour.

Mais, à la vérité, on voit mal comment des pirates engagés déjà dans la capture du chalutier, ayant à surveiller de près tout son équipage, auraient cédé au besoin d'engager une nouvelle attaque, au surplus, contre une frégate de guerre. Par contre, la tentation pour cette dernière, dès la découverte des pirates sur le chalutier, était évidemment beaucoup trop forte, pour ne pas saisir une occasion aussi exceptionnelle. Vu les moyens militaires qui étaient les siens, il lui était naturellement très facile de couler le vaisseau ennemi.

Aussi, peut-on considérer comme peu probables les soi-disant échanges de tirs ayant précédé la destruction du chalutier.

Cette fois c'est au large de la Sierra Leone qu'un bateau de pêche a été attaqué, mercredi, par huit pirates, rapporte l'Associated Press. Quatre des pirates, identifiés comme étant des Guinéens, ont été abattus, hier, par la marine de Sierra Leone. Deux se sont noyés et quatre autres arrêtés.

C'est peu avant l'aube de mercredi, que le navire chinois, Shanghaï 3, a été abordé par les bandits. Après avoir mis en joue les membres de l'équipage ainsi que les Sierra Léonais se trouvant à bord, les assaillants se sont emparés de l'argent provenant des poches de l'équipage et fait transborder le produit de la pêche des Chinois dans leur bateau.

L'alerte aussitôt donnée après le départ des pirates, la marine de Sierra Leone a pris ces derniers en chasse. A cause de leur lourde cargaison qui les empêchait de naviguer plus vite, ils ont été rapidement rattrapés et mis hors d'état de nuire.

Le navire ukrainien détourné depuis deux mois par des pirates somaliens est sur le point d'être libéré, ont annoncé ces derniers à un correspondant de l'AFP. Un accord semble avoir été trouvé entre les parties, chose que confirment les autorités maritimes kényanes.

En vertu de cet accord, un délai de six jours commençant hier aurait été accordé aux propriétaires du navire pour payer la rançon exigée. De 25 millions de dollars, cette dernière aurait été ramenée à 3 millions.

L'embarcation, rappelons-nous, était conduite par une vingtaine de membres de l'équipage et contenait 33 chars d'assaut T 72 de fabrication soviétique ainsi qu'une importante quantité de munitions.

On apprend, par ailleurs, que c'est aujourd'hui que s'achève le délai de 10 jours accordé par les pirates pour le versement de la rançon demandée à la société saoudienne Aramco afin d'obtenir la libération de son super-tanker, Sirius Star, détourné le 16 novembre dernier. Les négociations se semblent pas avoir avancé, indique-t-on par ailleurs, signe qu'un coup de force se préparerait entre diverses puissances mondiales pour libérer le pétrolier par les armes.

Un reportage, paru le 8 dernier, dans le journal Le Monde, jette quelque lumière sur l'organisation de cette piraterie somalienne, érigée désormais en une espèce d'industrie prolifique qui fait vivre toute une région.

Elle se scinde en neuf groupes distincts qui activent chacun de son côté. Une soixantaine d'embarcations rapides utilisées pour leurs exactions ont été dénombrées sur les quais d'Eyl, point de ralliement de ces bandes criminelles.

Pour les besoins de cette industrie de la flibuste, l'organisation a mis en place un système de financement permettant aux pirates de disposer de fonds nécessaires pour leur séjour parfois prolongé en mer. Les produits perçus des rançons, sinon du bradage des bateaux capturés, sont répartis ensuite entre "les investisseurs", 30 % ; les pirates eux-mêmes, 50 % ; les "participants secondaires", 15 % ; et enfin les familles de pirates perdus dans les attaques ou en mer, 5 %. Les investisseurs et autres participants apportent les fonds de départ, interviennent dans les négociations avec les propriétaires de navires détournés, couvrent les achats de matériels divers et autres frais.

L'organisation semble être si bien rodée que l'on se donne la peine de former durant six mois aux métiers de pirates les candidats présentant les meilleures aptitudes aux divers postes répartis dans l'organisation.

Enfin, à en croire le reportage, les effets induits sont remarquables sur le terrain même : "Il y avait des nouvelles constructions partout, des voitures modernes, des villas luxueuses. Tout a changé, l'argent a modifié les comportements des gens, leur mode de vie, dit-elle. Les pirates sont devenus des héros pour cette population, pauvre et analphabète", observe une émigrée somalienne revenue provisoirement dans son pays.

Trois nouveaux piratages de navires ont été enregistrés, depuis hier, en l'espace de 24 heures, dans le golfe d'Aden.

Hier, c'était un remorqueur indonésien, affrété par la compagnie pétrolière française, Total, qui a été pris dans les nasses des bandits, au large du Yémen. Est venu le tour, ensuite, d'un cargo, propriété d'un armateur turc. Aujourd'hui, un yacht, ayant juste deux personnes à son bord, rejoint les dizaines de bateaux toujours détenus par les pirates sur les côtes somaliennes.

Ces trois attentats ont été perpétrés dans des eaux supposées être protégées de près par des forces navales étrangères et nombreuses, assemblées depuis peu pour contrer justement les actes de piraterie.

Le Conseil de sécurité de l'ONU vient d'ailleurs d'autoriser pour un an la poursuite jusqu'en Somalie même des délinquants et leur arrestation, mais pas les bombardements aériens.

En envoyant trois navires de guerre dans la zone des piratages, la Chine fait la preuve de sa résolution à rayonner désormais à l'échelle mondiale, au double plan économique et militaire.

Deux destroyers et un navire de ravitaillement sont partis de la base navale du sud de l'île de Hainan vers la corne de l'Afrique, pour renforcer la flotte de guerre internationale déjà à pied d'oeuvre là-bas pour contrer la piraterie.

Sept bateaux chinois ont été piratés depuis le 1er janvier de cette année dans ce secteur infesté de bandits. Le dernier en date, le MV Zhenhua, a été attaqué le 17 décembre dernier. C'est un navire de 60 000 tonnes qui a dû son salut à l'intervention d'une frégate malaisienne.

Les marins chinois à bord de leurs cuirassés sont au nombre d'un millier environ, devant séjourner environ trois mois dans la zone inscrite comme objectif.

Les observateurs relèvent cette sortie de Pékin comme étant la première, à grand retentissement, depuis que la flotte de guerre chinoise n'a plus quitté les cotes du pays il y a cinq ou six siècles. L'histoire note que c'est elle qui avait mis fin, au 15è siècle, à la piraterie japonaise.

Pour donner davantage de rayonnement à sa marine, la Chine envisage, par ailleurs, de la doter très prochainement d'un porte-avions.

Le super pétrolier saoudien Sirius Star a été libéré, contre une rançon de 3 millions de dollars, au lieu des 25 millions exigés initialement, annoncent les agences de presse.

Deux mois après sa capture, le navire et son équipage ont donc recouvré la liberté, sans que la flotte militaire internationale naviguant dans les eaux somaliennes n'y ait joué quelque rôle. Une association maritime régionale confirme d'ailleurs le passage du navire en haute mer, libre de tout pirate à bord.

Au total donc, 120 millions de dollars ont été perçus en 2008 par les pirates comme rançons de leurs actes criminels. C'est un pactole effectivement important dans un pays livré depuis 1991 au désordre et à l'anarchie.

Jusqu'à maintenant, en tout cas, les navires de guerre opérant dans cette corne de l'Afrique n'ont guère réussi à ébranler la détermination des pirates à poursuivre leurs activités dans la zone.

Le navire, battant pavillon ukrainien et transportant des chars d'assaut de fabrication soviétique, qui avait été piraté en septembre dernier au large de la corne de l'Afrique, vient d'être libéré, a-t-on annoncé à Kiev.

Le Faina, c'est son nom, a été rendu à la navigation, après de multiples négociations menées conjointement par les services de renseignements ukrainiens et étrangers avec les pirates somaliens. Une importante rançon aurait été payée en contrepartie, mais son montant n'a pas été rendu public.

Tout l'équipage ayant repris son service à bord, le bateau, protégé par la marine américaine, reprend donc sa route vers le port kenyan de Mombasa où il est sensé se délester de sa cargaison. La destination finale de cette dernière, composée de 33 chars T72 et d'importantes quantités de munitions, n'est cependant toujours pas connue.

Deux destroyers japonais ont reçu ordre de rejoindre les côtes somaliennes pour assurer la protection des navires japonais ou étrangers contre les pirates qui infestent ces eaux. "Conformément à la décision prise aujourd'hui lors de la réunion du gouvernement, j'ai ordonné aux forces d'autodéfense de participer aux activités de sécurité maritime", a déclaré Yasukazu Hamada, le ministre de la Défense nippon aux journalistes.

Les navires partent donc dès aujourd'hui pour leur mission qui prévoit l'utilisation de la force en cas de nécessité. Il est vrai que le Parlement japonais devra incessamment amender la loi en la matière pour permettre à sa marine d'opérer contre la piraterie, hors des frontières du pays.

On estime à quelques deux milliers de bateaux la flotte commerciale nippone traversant chaque année cette région de la corne de l'Afrique, devenue un haut lieu de banditisme maritime. Des bandes de pirates somaliens sèment depuis quelques années déjà la terreur dans les lieux qu'au départ, faut-il le rappeler, ils se donnaient comme devoir de défendre contre les bateaux de pêche étrangers écumant les eaux territoriales.

Cinq bateaux ont encore été piratés, depuis samedi, dans les eaux de la Corne de l'Afrique. Les pirates somaliens ont encore bravé toute la flotte de guerre internationale veillant sur la navigation maritime dans cette zone. Ainsi, un navire britannique, un autre yéménite, un troisième français, un quatrième allemand, un cinquième enfin taïwanais ont été pris pour cible.

Le premier tombé dans leur escarcelle est français. Il s'agit d'un yacht capturé, samedi, à 640 km au large de Ras-Hafun, au nord-est de la Somalie. A bord du voilier, se trouveraient deux couples et un enfant.

Le second, allemand, est un porte-conteneurs de 20 000 tonnes qui a été pris également samedi, à 400 miles nautiques au large de la Somalie, entre le Kenya et les Seychelles ; il avait à son bord 24 membres d'équipage, dont 5 seulement de nationalité allemande.

Dimanche, c'était au tour d'un remorqueur yéménite avec 7 membres d'équipage.

Ce matin, enfin, deux navires, britannique et taïwanais, ont été attaqués. Le premier, de 32 000 tonnes, est un cargo mené par 16 marins de nationalités étrangères. Le second est un thonier qui pêchait au nord de l'archipel des Seychelles avant d'être capturé avec 29 personnes à bord.

Cette bravade vient, une fois encore, apporter la preuve que les pirates somaliens sont restés maîtres de la zone maritime sur laquelle ils ont jeté leur dévolu. Même les arrestations opérées dans leurs rangs, tout récemment encore, ne semblent pas avoir beaucoup pesé sur leur détermination à poursuivre leurs activités criminelles.

Aujourd'hui, deux navires de guerre américains ont été dépêchés en renfort du troisième, un croiseur lance-missiles, qui tient en joue le canot de sauvetage des pirates. Le capitaine du bateau américain détourné mercredi semble être leur otage à bord.

Les pirates ont encore le culot de poser leurs conditions avant de procéder à la libération du capitaine : « Nous demandons une rançon et de pouvoir retourner sains et saufs à la maison avant de libérer le capitaine », ont-ils fait dire au téléphone par un acolyte à partir de Mogodiscio.

Mais, apparemment, ce n'est plus qu'une question d'heures, avant l'intervention musclée de la marine américaine. Ils devront alors non seulement libérer leur otage mais baisser les bras pour ne pas être carrément foudroyés, eux qui se trouvent si loin de leurs côtes.

Jusqu'à hier des négociations étaient menées pour faire libérer les otages du yacht français capturés par les pirates le 4 avril dernier. Mais, ce matin encore, ces derniers persistaient dans leurs exigences en refusant les offres reçues, indique la présidence de la République française.

Un coup de force a été décidé depuis contre eux pour libérer les cinq otages nationaux du voilier Tanit.

4 de ces otages ont été finalement libérés, le cinquième ayant malheureusement payé de sa vie l'affrontement des marins français avec les pirates. Par contre, deux de ces derniers ont été tués et trois autres faits prisonniers, à cette occasion, précise le communiqué de la présidence de la République française. Sarkozy a déclaré qu'il irait lui-même recevoir les otages libérés dès leur arrivée en France.

C'est la troisième fois, en un an, que des bateaux français piratés dans les eaux somaliennes ont été libérés par la force, en causant aux assaillants des pertes en vies humaines ou des arrestations parmi eux.