Habitués qu'étaient les responsables du service achat de la compagnie algérienne de présenter leurs bons de commande à une entreprise privée, Boeing, surpris sans doute par le changement intervenu, refuse du coup de répondre aux demandes d'Air Algérie.
Le scandale, car il y a un scandale à l'origine, a été en effet porté sur la place publique à travers des poursuites judiciaires intentées il n'y a pas si longtemps à des directeurs chargés des achats. Ces derniers, accusés de toucher des dessous de table, préféraient, depuis toujours, commander leurs pièces de rechange à un intermédiaire, donc à une petite officine plus facilement malléable pour leur reverser des commissions.
Le nouveau directeur général mis en place, s'étant offusqué sans doute d'une démarche paradoxalement singulière, a donc décidé de mettre fin à ce genre de contrat qui nuit aux intérêts de la compagnie mais aussi du contribuable algérien. Air Algérie survit, en effet, grâce aux subventions fournies par l'Etat.
Boeing a donc des raisons de s'étonner qu'une compagnie ayant près d'un demi-siècle d'âge l'ait toujours ignorée pour la fourniture des pièces de rechange qui se greffent naturellement aux achats d'appareils de sa fabrication. C'est encore heureux qu'en manifestant ainsi sa désapprobation, il alerte en même temps les principaux responsables du pays qui ont à charge de contrôler les finances de la compagnie nationale.