Hitler, Salazar, Franco, Pinochet et beaucoup d'autres dictateurs sanguinaires ont été, des décennies durant, portés aux nues, de leur vivant, par des admirateurs zélés ou simplement stipendiés. Mais, sitôt enterrés, l'histoire les a déterrés l'un après l'autre pour les juger, les condamner et vouer leur mémoire aux gémonies. Il en est également ainsi pour d'autres, toujours vivants, qui ont lâchement quitté leur pays, après l'avoir fait souffrir, pour aller demander asile à des Etats peu regardants sur l'origine, en particulier, de leur fortune, plutôt de leur rapine. Et Fugimori, l'ancien président du Pérou, se trouve précisément dans cette catégorie.
Depuis 2007 qu'il a été arrêté au Chili d'où il a été extradé vers son pays, Alberto Fugimori est jugé par la Cour suprême. Son procès parvient aujourd'hui à son terme, toutes les plaidoiries ayant été épuisées. En attendant le verdict dans quelques jours, tout porte à croire qu'il risque rien moins que trente années de prison, pour les crimes, et ils sont nombreux, qui lui sont reprochés.
Les escadrons de la mort, sa police parallèle, ayant agi sous ses ordres, du temps où il régnait en maître - soit de 1990 à 2000 -, ont froidement assassiné, en 1991, 15 habitants, dont un enfant de 8 ans. Les malheureux faisaient simplement la fête dans un quartier pauvre, de Lima. Officiellement, on les soupçonnait d'activités terroristes.
Cette même équipe d'assassins a opéré, en juillet 1992, à l'université de Lima, d'où elle a enlevé neuf étudiants et un professeur. Leurs corps ont été retrouvés plus tard calcinés et enterrés dans un terrain vague.
D'autres crimes encore, politico-financiers ceux-là, le mettant en exergue lui sont également imputés.
Aujourd'hui, à 70 ans, il clame toujours son innocence, prétendant qu'aucune preuve ne peut être présentée à l'appui de sa condamnation. Il a même osé pousser le mépris de la justice jusqu'à profiter de l'arène offerte, dans le cadre de sa plaidoirie, pour lancer sa fille, députée du mouvement qu'il a créé, en vue de l'élection présidentielle de 2011.
Ce qu'il feint seulement d'oublier, comme tous les dictateurs de son espèce, c'est que les crimes de sang, tout particulièrement, ne s'effacent jamais. La mémoire est là pour les rappeler à tout moment à l'attention de ceux des plus faibles qui peuvent être tentés de les reproduire.