Les rapports entre Berne et Tripoli se sont brutalement détériorés ces derniers jours, au point de craindre une rupture prochaine de leurs relations diplomatiques.
C'est encore le fils endiablé Motassim Kadhafi qui est à l'origine du rappel à l'ordre dressé par la justice helvétique et qui a généré les excessives mesures de retorsion exercées par Tripoli contre la Suisse.
Le rejeton et sa femme, poursuivis pour mauvais traitement de leurs deux domestiques, un Tunisien et une Marocaine, pendant qu'ils séjournaient dans un palace local, ont été libérés après versement seulement d'une caution de 312 500 euros. Mal en prit au père dictateur qui a alors exigé du gouvernement suisse des excuses officielles et le classement de l'affaire.
Les autorités helvétiques ayant refusé de se plier à cette mise en demeure, une campagne de dénigrement a par suite été aussitôt engagée à Tripoli pour tenter de faire plier Berne. Le guide libyen a même suspendu les livraisons de pétrole à ce pays, qui, de longue date déjà, lui achète 60 % de ses approvisionnements. Il déclenche aussi une manifestation populaire devant l'ambassade helvétique, tout en contraignant les firmes Nestlé et ABB à suspendre leurs activités dans le pays, et plus gravement encore il fait procéder à l'arrestation de deux ressortissants suisses sous de fallacieux prétextes d'infractions aux lois en vigueur sur l'immigration et le séjour.
Le plus inattendu est encore la protestation soulevée par la fille Kadhafi, avocate, accourue au secours de son frère devant la justice suisse. Elle argue, ce faisant, de la classe privilégiée à laquelle appartient sa famille, n'éprouvant aucune espèce de gêne à désigner les employés plaignants sous l'étiquette de la basse classe.
Voilà donc la fameuse égalité tant défendue hypocritement par le soi-disant guide libyen qui oublie simplement ses origines bédouines, fort peu élogieuses d'ailleurs en terre arabe.