Sans surprise, des enquêteurs diligentés par la justice ont découvert dans le Kurdistan des ossements de disparus, victimes de la répression aveugle de l'armée turque, dans les années quatre-vingt-dix.
Selon des témoignages recueillis par la justice, des corps ont été jetés dans des cuves et dissous à l'acide à cette époque ou jetés carrément dans des puits. Par ailleurs, des restes de squelettes ont été également mis au jour à côté d'une base militaire, au sud du pays, non loin de la frontière irakienne. D'autres ossements humains ont été aussi exhumés sur un terrain servant à l'entraînement des groupes islamistes turcs que l'armée utilisait pour combattre les rebelles du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan).
On estime entre 1300 et 1500 le nombre de personnes, essentiellement kurdes, qui ont disparu alors après leur arrestation par les forces de l'ordre. Un service de gendarmerie ainsi que ses officiers seraient même désignés du doigt pour leur implication dans ces massacres abominables.
Mardi, enfin, la Cour européenne des droits de l'homme a condamné la Turquie à raison des sévices que deux jeunes filles kurdes, suspectées d'appartenir au PKK, ont subis lors de leur détention en garde à vue, indique l'AFP. Toutes deux arrêtées en 1999, elles affirment qu'elles ont été frappées et subi des harcèlements sexuels.
Autant d'indices de sauvagerie ne manqueront pas sans doute de peser négativement lors de l'examen par l'U.E. du dossier de candidature d'adhésion que la Turquie entretient encore l'espoir de présenter. Ils viennent se greffer au douloureux dossier arménien du début du siècle à propos duquel Ankara nie toujours sa responsabilité.