C’est un peu en ces termes, qu’il faut comprendre la réponse de Zerhouni, ministre de l’Intérieur, à la question de savoir quelle est l’attitude des pouvoirs publics dans le cas où un terroriste désire se rendre : "Il faut trouver une solution pour ceux qui se rendent après (les délais impartis par la loi portant réconciliation nationale). On ne peut tout de même pas refouler un terroriste qui se rend".
Une réponse aussi saugrenue appelle sans nul doute quelques questionnements :
1°) Si la loi évoquée parle expressément de délai, au terme duquel cesse pour le terroriste, dit repenti, le droit de bénéficier des (grandes) faveurs et autres largesses accordées officiellement par l’Etat, pourquoi l’avoir clairement précisé, si on ne l’observe pas ensuite ?
2°) En comprenant, bien sûr, les difficultés inhérentes au manque de communications dans le maquis qu’un terroriste peut avoir rencontrées, lors des préparatifs ou de la promulgation de cette loi, pour ne pas en connaître, pendant quelques semaines qui l’ont suivie, les stipulations exactes, peut-on avec autant de légèreté que d’irresponsabilité admettre que ce délai s’allonge au point de se traduire en nombre d’années désormais ?
3°) Sachant encore que cette loi maudite ait été votée, en catimini, tout en tenant compte des impératifs de justice qui supposent l’ouverture de poursuites pénales contre tous les repentis reconnus responsables de crimes de sang, combien sont-ils à être passés devant le prétoire d’un tribunal pour expliquer leurs actes aussi odieux que pendables ? Aucun que nous sachions ; aucun dossier n’a même été constitué, rien…
Alors, M. Zerhouni pourra continuer autant qu’il le voudra de nous claironner sa même rengaine ; il n’est plus crédible, tout autant que son alter ego Boutef, l’initiateur de ce projet monstrueux de réconciliation que l’histoire, seule, saura ranger en bonne place, aux côtés des dérives d’un pouvoir bien trop discrédité déjà de longue date, pour qu’il ne puisse se rappelle simplement au souvenir des générations à venir.