Décidément, la diplomatie britannique, toujours aussi perspicace qu'active, frappe par sa singularité.
Rappelons-nous que, il y a plus d'un an, Londres avait ébauché des négociations directes avec les Talibans d'Afghanistan en vue de mettre un terme à l'enlisement de la coalition dans ce pays. Après de longues réflexions sur le sujet, les diplomates britanniques en étaient arrivés à cette impérative nécessité, face aux problèmes inextricables posés sur place.
Sur le moment, cependant, une espèce de lever de boucliers avait comme mis en garde Londres contre la tentation de faire cavalier seul dans une approche où les alliés auraient dû être préalablement consultés. Il s'en est suivi alors une suspension de ces discussions, puisque depuis cette date aucune information n'a transpiré là-dessus.
Bush avait tenté, à son tour, de reprendre ces contacts en catimini, de manière telle à ne pas paraître avoir renoncé à ses principaux objectifs initiaux, ceux de réduire al-Qaïda en même temps que les Talibans. Là aussi, aucune suite n'ayant vu le jour apparemment, Bush et son équipe ont donc dû mettre un terme à leurs pourparlers.
Aujourd'hui, c'est Obama qui tente de reprendre le flambeau. Il a clairement laissé entendre au
New York Times que les Etats-Unis ne sont pas en train de gagner la guerre en Afghanistan et qu'en conséquence il appuierait volontiers un dialogue avec les religieux modérés d'Afghanistan sur le même modèle que celui engagé en Irak.
Hamid Karzaï a aussitôt applaudi cette initiative qu'il avait lui-même prônée à un certain moment.
Répondant à la question de savoir si les Etats-Unis renonçaient donc à gagner la guerre en Afghanistan, le président Obama s'est montré on ne peut plus clair : «
Nous avons vu les conditions se dégrader ces dernières années. Les talibans sont plus téméraires qu'avant. Je crois que dans les régions situées au sud du pays, ils ont mené des attaques de manière inédite ». Il a ajouté, par ailleurs, que le gouvernement local n'ayant toujours pas gagné, de son côté, la confiance des populations, force était de tirer les conclusions qui s'imposaient.
On constate, par conséquent, une évolution notable de la position du président américain sur la question. Lui qui, en décidant de renforcer les troupes engagées sur le terrain des combats, laissait accroire, au départ, son intention de porter des coups décisifs à l'adversaire fait désormais machine arrière. Et il est même permis de penser que les Etats-Unis s'acheminent à un retrait de leurs troupes de Kaboul dans un délai beaucoup plus proche qu'attendu.