Barack Obama élu 44è président des Etats-Unis

Pour la première fois dans l'histoire américaine, un président noir a été porté à la tête des Etats-Unis. Par une large majorité sur son concurrent, John McCain, républicain, le démocrate Barack Obama a emporté l'élection dans la plupart des Etats, dont le dépouillement des votes a pris fin à cette heure précise, y compris, bien souvent, dans certains fiefs que l'on disait acquis au camp adverse.

Barack Obama, 47 ans, était sénateur de l'Illinois entré en politique il y a seulement 12 ans. De formation très poussée, cet ancien élève de Harvard est issu d'une mère blanche et d'un père d'origine kényane, donc noir, immigré aux Etats-Unis.

Axée sur le changement, la vision du nouveau président devra théoriquement se traduire, si l'on en croit ses propres déclarations durant la campagne électorale, par un retrait des troupes américaines d'Irak dans les 16 mois à venir. Par contre, il faudra s'attendre à une intensification de la guerre menée en Afghanistan, un pays où, selon Obama, la lutte contre le terrorisme est encore loin de s'achever.

Obama hérite aussi d'une situation socio-économique peu reluisante dans le pays. Les effets de la crise des subprimes, créée maladroitement par Georges W. Bush depuis son avènement au pouvoir, et qui s'est amplifiée pour prendre des proportions aujourd'hui mondiales sous le titre de la crise financière internationale, menacent l'équilibre non seulement des Etats-Unis mais aussi d'un grand nombre de pays du monde occidental.

Espoir des minorités principalement noires et hispaniques, le nouveau président est attendu, enfin, sur nombre de sujets de politique intérieure pour ramener la relance économique et engager des réformes visant une meilleure répartition des richesses et une couverture sociale satisfaisante.

Quasi unanimement le monde a salué la victoire de Barack Obama comme un gigantesque pas en avant dans la lutte contre la ségrégation raciale. C'est en vertu de cette même discrimination que les Etats-Unis, jusqu'aux années soixante, s'étaient démarqués du reste du monde en instaurant une espèce d'apartheid abominable contre les populations noires du pays. Il n'est pas loin le temps, en effet, où, surtout dans le sud, le mélange interracial était rigoureusement sanctionné, presque aussi fortement qu'en Afrique du sud.

Désormais, l'Europe, désignée au premier banc par une résurgence aussi intolérable qu'incompréhensible du phénomène de discriminations raciales, devra, la première, tirer les leçons de cette avancée vraiment inattendue de la société américaine que l'on disait pourtant figée pour l'éternité. Encore, acceptera-t-elle, cette Europe, de faire l'effort nécessaire pour combattre sérieusement et profondément ses tendances racistes qui ne l'honorent guère.

Il faut dire, aussi, que les médias notamment audiovisuels américains ont réalisé des progrès prodigieux ces dernières années en poussant en avant les minorités à l'intégration complète, laquelle n'avait vraiment cours qu'au seul niveau de l'armée. Aujourd'hui, quasiment dans tous les films réalisés aux USA, la proportion des acteurs noirs jouant un rôle dépasse proportionnellement de très loin le taux de la population noire elle-même. Et c'est à l'honneur des moyens de communication d'avoir exercé là un puissant levier dans le sens de la lutte anti-raciale.

Les regards se tournent à présent vers le vieux continent qui doit rattraper son retard, d'autant plus que les minorités qui résident en son sein proviennent toutes de ses anciennes colonies qui ont été des siècles durant pressurées, et continuent aujourd'hui encore à l'être à son seul bénéfice.

Elu pendant une situation de crise économique la plus difficile qu'aient connue les Etats-Unis depuis 1929, Obarack Obama se trouve désormais confronté à nombre de problèmes plus ou moins difficiles d'approche.

Le premier, bien sûr, tient de la crise financière née, d'abord, de l'engagement de Washington dans deux agressions très coûteuses sur des pays étrangers ; ensuite, de la faillite de l'immobilier dite prêts hypothécaires des subprimes, dont Bush avait pris l'initiative. Par une espèce de vases communicants, les prêts accordés à taux élevés aux petites bourses pour accéder à la propriété de leur habitation se sont non seulement avérés irrécupérables pour la plupart, mais ils ont causé la ruine d'une foultitude de banques qui s'étaient échangé les hypothèques des biens en cause. Pis encore, des banques européennes, attirées par des revenus surélevés liés à ces prêts, sont elles-mêmes tombées dans le panneau. Elles avaient bien maladroitement participé au rachat de ces prêts à haut risque.

Le second résulte de la propension des Etats-Unis à vivre au-dessus de leurs moyens, grâce au billet vert devenu la principale monnaie écoulée sur les marchés internationaux. Washington a ainsi accumulé des dettes énormes auprès notamment de pays qui, sans lui montrer leur hostilité foncière sur nombre de sujets de politique internationale ou économique, disposent désormais d'assez de dollars en réserves pour le ruiner. C'est le cas de la Chine et de la Russie qui stockent d'énormes quantités de billets verts et peuvent exiger à tout moment leur contrepartie dans une autre monnaie.

Le troisième, conséquence directe de ces débordements, affecte l'outil économique des Etats-Unis. Sous la pression des nouveaux pays émergents, ils ne peuvent plus faire face à la concurrence dans un grand nombre de domaines. Il leur faut, d'ailleurs, notamment en agriculture, subventionner fortement leurs paysans pour maintenir leur rythme de production et limiter ainsi le chômage dans le secteur. Dans l'industrie, par contre, les principaux joyaux ahanent sous l'effet de la concurrence. General Motors, jadis premier industriel mondial, est acculé aujourd'hui à la faillite, ses usines ayant perdu le contrôle de larges franges du marché.

Le quatrième, enfin, non moins pesant, se rapporte à l'image du pays, ternie en profondeur par la gestion à la diable des affaires de l'Etat par l'équipe Bush depuis huit ans. Jamais les Etats-Unis n'auront autant été montrés du doigt par les diverses atteintes aux droits de l'homme élémentaires dont leur armée s'est rendue coupable, tant en Irak, en Afghanistan qu'ailleurs. Tout le capital de sympathie que s'étaient créé des générations d'Américains menés par Washington, Jefferson, Roosvelt, etc., a été anéanti par les excès de Guantanamo, par les geôles mises en place ici ou là par la CIA, par les bombardements aveugles d'Afghanistan et d'Irak, etc..

Aussi, Obama aura-t-il la tâche bien difficile pour tenter déjà de redorer le blason de son pays !