Le chef de l'Etat de la Guinée-Bissau exécuté par des militaires

"Le président Vieira a été tué par l'armée au moment où il tentait de fuir sa maison attaquée par un groupe de militaires proches du chef d'état-major Tagmé Na Waié, tôt ce matin", a déclaré Zamora Induta, le chef des relations extérieures de l'armée. "C'était l'un des principaux responsables de la mort de Tagmé", a accusé ce responsable militaire, rapporte le journal Le Monde.

C'est donc en représailles du meurtre, dimanche soir, par un attentat à la bombe, du chef d'état-major, que le président Vieira a été exécuté. En fait, une première tentative d'éliminer Tagmé Na Waié, chef d'état-major, avait avorté début janvier dernier.

Quant au président, il avait lui-même échappé à une attaque de nuit, le 23 novembre dernier, perpétrée contre sa résidence et qui s'était soldée par la mort de deux gardes attachés à son service.

Le pays, l'un des plus pauvres d'Afrique, est de longue date déjà plongé dans une instabilité permanente, pour le contrôle du pouvoir. La corruption ronge toujours ses classes dirigeantes, pendant que les narco-trafiquants contrôlent l'économie.

Vieira régnait sur le pays depuis 1980, avec un intermède entre 1998 et 2005 causé par la guerre civile qui l'avait chassé du pouvoir. Lui-même avait succédé au leader de l'indépendance, Luis Cabral.

Apparemment, Alger est la première capitale en Afrique et dans le monde à condamner publiquement l'assassinat du chef de l'Etat de Guinée-Bissau.

Dans une déclaration du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, l'Algérie, tout en condamnant fermement cet acte, exige le respect de la Constitution en Guinée-Bissau.

Comme si elle-même avait des leçons à donner dans ce domaine, où elle vient de briller magistralement en écrasant, toute honte bue, sa propre Constitution, la communauté internationale ne manquera sans doute pas de relever cet excès de formalisme dicté sans doute par le simple souci de ne pas laisser les militaires algériens prendre exemple sur la Guinée-Bissau.

Bouteflika peut donc se gargariser de mots aussi creux, il ne convaincra finalement personne.

La tentative des anciens du PAIGC, le parti engagé jadis dans la lutte pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, de fomenter un coup d'Etat dans le pays aurait été brisée net, à en croire les militaires au pouvoir.

Les corps de trois anciens ministres, criblés de balles, ont été identifiés aux côtés du garde du corps et du chauffeur de l'un d'eux. Il s'agit de l'ancien Premier ministre, Faustino Fudut Imbali, de l'ex-ministre de la Défense, Helder Proença, du ministre de l'Administration territoriale, Baciro Dabo.

Sans sommations, ils ont été abattus chez eux, dans la nuit, sur la base de simples présomptions, comme l'indique le communiqué officiel diffusé comme suit : "Nous avons une information sur une tentative de coup d'Etat qui serait perpétré par un groupe de responsables politiques, dont Helder Proença, Roberto Cacheu, Francisco Conduto de Pina et Baciro Dabo".

Bacira Dabo est, en particulier, un candidat à l'élection présidentielle prévue pour le 28 juin prochain. Il a été exécuté froidement chez lui, dans sa propre chambre à coucher.

C'est dire que les événements qui secouent la Guinée Bissaü depuis l'assassinat, en mars dernier, de l'ancien chef de l'Etat, Vieira, plongent le pays dans une grande incertitude, où l'armée joue le principal rôle.