La machine, désormais huilée, se remet en marche pour rabattre des électeurs au profit de Bouteflika.
N'ayant en face de ce dernier que des candidatures de plaisantins, accourus à la curée juste pour récolter quelques milliards de subventions généreusement allouées sur le dos du contribuable, le régime en place semble beaucoup craindre les effets d'un boycott généralisé. Non pas que ce dernier puisse constituer un motif rédhibitoire de la désignation de Bouteflika, puisque dix ou cent voix suffisent s'il n'y a pas plus de voix en faveur de l'un ou l'autre de ses adversaires, mais c'est surtout vis-à-vis de l'extérieur du pays que l'on s'en inquiète. Car, s'il est courant que les urnes soient bourrées de suffrages illégaux, il reste tout de même impensable que l'ensemble des centres et des bureaux de vote s'accordent du même élan à remplir eux-mêmes ces urnes.
Pour prévenir un tel risque, des dispositions sont d'ores et déjà prises, en direction déjà des institutions publiques et tout particulièrement des mosquées. A l'exemple de Sonelgaz, le syndicat (il n'y qu'un seul autorisé, l'UGTA) aurait reçu ordre formel de pousser l'ensemble des travailleurs, soit 55 000 au total, et leurs familles à voter pour le candidat du pouvoir. Les mosquées ne sont pas en reste, puisque le ministre des affaires religieuses, Ghoulamallah, a déjà saisi par écrit les imams à l'effet d'inciter, dans les prêches, leurs ouailles à aller voter.
Ghoulamallah fait mine, bien sûr, de ne pas expressément désigner son candidat préféré, autrement dit Bouteflika, mais, de toute évidence, il n'a guère besoin de le citer.
C'est ainsi que l'on dévoie le rôle de la mosquée, ce haut lieu pourtant strictement réservé à l'accomplissement de l'acte de foi, sans plus. De là à feindre d'ignorer que le Fis, lui-même, est tombé sur un tel abus, il n'y a pas à s'y méprendre.