Karzaï tente de changer son fusil d'épaule

Arrivé pourtant au pouvoir dans les bagages de l'armée américaine, lors de l'invasion de l'Afghanistan fin 2001, Hamid Karzaï fait un appel du pied à Moscou pour l'aider indirectement à conserver le pouvoir.

Les élections prochaines le donnent en effet d'autant plus perdant déjà qu'il n'est pas dans les intentions de Washington de le maintenir à la tête de l'Afghanistan. Les Américains lui reprochent, entre autres, le développement accéléré des cultures de stupéfiants dans son pays, la corruption qui s'y est répandue de façon généralisée et surtout la dilapidation des fonds perçus comme aides de la part des Occidentaux. Du coup, ils ont eux-mêmes d'ores et déjà entrepris des consultations avec de possibles présidentiables répondant à leurs attentes. D'anciens ministres, notamment, sont concernés par ces discussions.

En déplorant le peu d'empressement que les Occidentaux mettent à équiper en armements lourds l'Afghanistan (aviation, artillerie, etc.), Karzaï tente désormais de se rapprocher de Moscou, pour faire contrepoids. Il laisse entendre aux Russes que son pays serait intéressé par des livraisons d'armes et un partenariat stratégique important. Il a même déclaré, devant les élèves-officiers de l'Académie militaire, qu'il enverrait dans les prochains jours une délégation chargée de négocier cette forme de partenariat avec Moscou.

Semblable démarche s'inscrit en tout cas aux antipodes du projet, dont s'est ouvert jusqu'ici Obama, de renforcer le corps expéditionnaire notamment américain dépêché à Kaboul, dans le cadre de ce qu'il est rituel d'entendre, la lutte contre le terrorisme. Le nouveau maître de Washington compte doubler les effectifs sur le terrain, pour tenter de hâter la sortie de ce bourbier afghan. Et d'ici l'été, période des élections présidentielles, il coulera bien sûr beaucoup d'eau sous les ponts...