Slate.fr - 01.01.2014
Repéré par Eric Leser
Quinze août 1977, un radio télescope de l’Ohio appelé la grande oreille (Big Ear) enregistre une onde radio qui semble venir de quelque part dans la constellation du Sagittaire à 1420 MHz, la fréquence de vibration de l’hydrogène, la molécule la plus commune dans l’univers. C’est exactement le signal que tous les chercheurs d’un signe d’une vie intelligente extraterrestre attendait. Le signal est si fort qu’il dépasse les capacités du système d’enregistrement de Big Ear.
Cette incroyable histoire est racontée en détail comme jamais auparavant par Daily Galaxy. Trois nuits plus tard, le 18 août, l’astronome Jerry Ehman est assis devant sa table de cuisine parcourant une épaisse liasse de feuilles imprimées générées par ordinateur constituées de chiffres et d’espaces. Tout à coup, il repère au milieu d’une feuille une suite étrange qui se lit de haut en bas: « 6EQUJ5 ».
Ce petit morceau de papier mal imprimé avec la note « Wow » de Jerry Ehman « représente ce que plusieurs personnes estiment être la meilleure preuve de l’existence d’un signal artificiel, intentionnel et émanant d’une intelligence venant des profondeurs du cosmos » explique Caleb Scharf, directeur du Centre d’Astrobiologie de l’Université de Columbia.
Le signal occupe une seule gamme d’onde étroite. Tous les autres signaux contiennent du bruit et débordent sur d’autres gammes d’onde. Jusqu’à aujourd’hui, nous ne connaissons pas de phénomène cosmique qui puisse générer un tel signal.
L’équipe de Big Ear a exploré toutes les possibilités: transmissions militaires, réflexions terrestres de signaux venant de satellites, émissions naturelles d’étoiles. Mais rien ne correspond. Et plus étonnant encore, le signal provient d’une zone de l’espace où il n’y a pas d’étoiles. À croire que le signal provient d’un vaisseau traversant l’univers à la recherche de signes de vie intelligente.
« 6EQUJ5 signifie sur le relevé de Big Ear une soudaine pulsation d’onde radio », écrit Caleb Scharf dans son dernier livre, The Copernicus Complex: Our Cosmic Significance in a Universe of Planets and Probabilities (« Le complexe de Copernic: notre signification cosmique dans une univers de planètes et de probabilités »). « D’habitude, le signal faible d’une onde naturelle se traduit par des blancs et des chiffres comme 1, 2 ou 3. Mais si le signal devient fort, l’ordinateur passe alors aux lettres et quand il atteint U cela signifie que l’émission est trente fois plus forte que le rayonnement cosmique habituel. Cette émission a été captée 72 secondes, c’est-à-dire tout simplement le temps pendant lequel Big Ear se focalise sur une région de l’espace. Elle est aussi exactement à la fréquence atomique de l’hydrogène. Elle n’est jamais réapparue… ».
Les chercheurs de l’Université de l’Ohio se sont demandés s’il s’agissait du premier contact de l’homme avec une intelligence extraterrestre. Ils ont sans cesse pointé leur radio télescope vers la même région de l’espace dans les mois qui ont suivi et ont continué depuis. Rien. Et même si plusieurs faits troublants indiquent un signal provenant d’une intelligence extraterrestre, Jerry Ehman a fini par renoncer. « Nous aurions dû le recevoir à nouveau quand nous l’avons cherché 50 fois. Cela laisse penser que c’est simplement un signal terrestre qui a été réfléchi par un débris dans l’espace ». Nous ne le saurons peut-être, sans doute, jamais.
« Si ces civilisations extraterrestres sont là – et nous ne savons pas qu’elles y sont – celles qui se trouvent dans des systèmes solaires qui se trouvent proches du plan de l’orbite terrestre autour du soleil seront les plus incitées à tenter de nous envoyer des signaux de communication. Parce que ces civilisations ont surement détecté notre passage devant la surface du soleil ce qui leur permet de déduire que nous sommes dans une zone habitable où l’eau liquide est stable », explique Richard Conn Henry, de la Johns Hopkins University. « Avec une analyse spectroscopique de notre atmosphère, ils sauront qu’il y a de la vie sur terre. »
Richard Conn Henry estime que si des civilisations intelligentes existent dans notre galaxie, ce qui est en terme statistique est extrêmement probable: « un des facteurs critiques est (de savoir*) depuis combien de temps cette civilisation existe et combien de temps elle existera - et cela concerne aussi la nôtre. Si, comme nous l’espérons, la réponse est plusieurs millions d’années, même si elles sont assez rares, celles qui sont dans notre plan d’orbite auront découvert notre existence. Elles sauront que la vie existe sur la terre et auront la patience d’envoyer dans notre direction des signaux facilement détectables radios ou optiques… ».
Et ce contact ne peut que se produire. Les recherches au cours des deux dernières décennies ont montré qu’il existe des milliards de planètes dans la Voie Lactée qui peuvent abriter des formes de vie, même très différentes et très extrêmes selon nos critères.
La vie doit donc être extrêmement répandue dans notre galaxie. Il faut juste être patient car même à la vitesse de la lumière les ondes radio peuvent mettre des millions d’années à nous parvenir. « Mais où sont-ils? » s'interrogeait déjà il y 70 ans Enrico Fermi, l'un des plus grands physiciens de l'histoire. Ils sont sans doute là, mais très loin…
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(*) Rajout de Nassima
(http://www.slate.fr/story/96355/signal-espace-changer-civilisation-humaine#xtor=RSS-2)