Pris depuis longtemps déjà dans le collimateur des dirigeants occidentaux engagés dans la coalition formée pour aller chasser les Taliban en Afghanistan, Hamid Karzaï, le président récemment réélu après moult tergiversations dans le décompte des voix, s'en est pris ouvertement cette fois à ceux-là même qui l'ont désigné et placé à la tête de l'Etat, juste après leur invasion du pays à l'automne 2002.
Pour lui, le dernier scrutin a été entaché de fraudes massives orchestrées directement par Washington à l'effet de lui ravir le pouvoir. L'ayant déjà déclaré devant son peuple il y a quelques jours, il a tenu à confirmer ses propos devant les journalistes de la BBC qui sont allés le lui demander. "
Ce que j'ai dit est entièrement vrai. Je ne le répéterai pas, mais tout est vrai", a tenu à préciser Karzaï, à cette occasion.
Le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, a naturellement estimé que "
Ces propos sont réellement choquants. En substance et tels qu'ils ont été examinés par de nombreuses personnes, il sont de toute évidence erronés".
Des accusations aussi graves démontrent, une fois de plus, que Washington et ses alliés ont une conception bien rétrograde de la démocratie hors de leurs pays respectifs, surtout quand il s'agit de lui reconnaître quelque valeur dans le Tiers-Monde, en fonction de leurs intérêts supérieurs directs. L'actualité quotidienne nous apporte d'ailleurs d'autres preuves de plus en plus cinglantes et irréfragables de leur précipitation à éliminer de pauvres innocents par dizaines sous des frappes aériennes et terrestres aveugles et monstrueuses qu'ils ont ensuite le culot de présenter sous le ridicule vocable de bavures.
Cette approche qui n'est pas nouvelle de l'altérité n'a d'autre explication que celle de la démesure propre au néocolonialisme que l'on cherche à implanter urbi et orbi.