Depuis quasiment sa guéguerre en Géorgie, la Russie subit directement et à doses presque létales les effets de la crise importée des Etats-Unis. L'évolution du rouble, principal facteur d'appréciation de l'économie, décrit une courbe anormalement descendante. Sous-tendu pourtant par le dollar et l'euro, il aurait normalement dû suivre leur yoyo observé ces derniers mois, sans y perdre autant de sa valeur.
Malgré les 215 milliards de dollars injectés par la Banque centrale, tout au long des 5 derniers mois, pour le soutenir, le rouble continue inexorablement de s'effondrer. Or, les réserves en or et devises du pays, qui ne sont plus que de 385 milliards de dollars, risquent encore de fondre. Les prix du pétrole et du gaz, revenus importants de la Russie, sont toujours assez bas. En se stabilisant à 40 dollars le baril, les ventes d'or noir de Moscou ne lui permettent pas même de soutenir longtemps cette tendance baissière du rouble. De là à nourrir l'ambition d'investir dans le renouvellement des infrastructures pétrolières menacées d'obsolescence, c'est une gageure qui est loin d'être tenue.
Au demeurant, le FMI lui-même est parvenu à des prospectives à court terme peu enviables pour la Russie. Selon ses prévisions, cette dernière va entrer incessamment en récession, engendrant une cohorte de retombées indésirables au plan économico-social. La croissance restera non seulement bloquée, mais des problèmes sociaux, liés à la mise en chômage de millions de travailleurs, risquent d'hypothéquer l'avenir de ce pays. On parle d'ores et déjà de 6 millions de chômeurs non déclarés, de la chute de 30 % du frêt ferroviaire. Le plus déplorable, surtout, est la fuite des investisseurs, selon Paris-Bas, qui estime que 290 milliards de dollars ont déjà quitté le pays depuis août dernier, autrement dit à partir du conflit de Géorgie.