Le monde donne déjà des signes d'incapacité de nourrir l'humanité

Joachim von Braun, directeur de l'Institut international de recherche sur les politiques alimentaires, vient d'alerter l'opinion publique sur les risques qu'encourt l'humanité, faut de produire ce dont elle a besoin en produits vivriers. "Le monde mange actuellement plus qu'il ne produit, ce qui reflète la baisse des réserves depuis cinq ou six ans. Cela ne peut continuer, car on arrivera bientôt à l'épuisement des stocks", a-t-il précisé.

L'impact de la pénurie qui se dessine à travers le monde se ressent à travers la flambée des prix qui accompagne, depuis quelques mois, les céréales tout particulièrement. Si, au Mexique, il y a même eu des émeutes de la faim à cause du relèvement du prix du maïs, denrée très demandée là-bas, dans d'autres pays, particulièrement africains, des tensions commencent à s'emparer des populations, dont certaines doivent désormais se suffire d'un seul repas par jour.

Les stocks continuent malheureusement de baisser pour atteindre leur plus bas niveau depuis 1980. "Ceux de la Chine, qui constituaient environ 40 % du stock mondial, ont chuté significativement entre 2000 et 2004 et ne se sont pas reconstitués depuis", commente le rapport présenté par l'Institut précité.

Avec de surcroît le renchérissement du prix du pétrole, il y a désormais à redouter que les agriculteurs fourguent leur production aux fabricants d'éthanol, dont la demande, suivie de la montée des prix, tend à se développer. Sachant encore que les terres céréalières ne sont pas extensibles à l'infini, et que l'influence du réchauffement climatique va se traduire par une baisse notable des récoltes, il faudra s'attendre à des hausses substantielles des prix des produits alimentaires, lesquelles hausses pénaliseront davantage encore les populations pauvres d'Afrique et d'ailleurs.