De nombreux accords franco-marocains signés

La visite de Sarkozy au Maroc, à l’inverse de celle plutôt politique rendue l’été dernier à l’Algérie, revêt un caractère essentiellement commercial. Par la signature, dès hier, d’importants accords, les deux parties semblent apparemment disposées à multiplier et approfondir davantage leurs relations économiques bilatérales, restées jusqu’ici modestes.

Au premier rang, a pris place le protocole le plus essentiel consacrant la réalisation d’une première ligne de TGV, Tanger à Casablanca, estimée à 2 milliards €, revenant pour moitié à trois entreprises françaises, au titre de la fourniture des voitures et de l’équipement de la voie (sécurité et signalisation). Les trois sociétés intéressées sont la SNCF, ALSTOM et le Réseau ferré de France. La réception de la première tranche de cette ligne, Tanger à Kénitra sur 200 km, est projetée à l’horizon 2013. Alstom fournira 18 rames de TGV à deux niveaux (duplex), d’un côté ; et, de l’autre, 20 locomotives Prima électriques faisant l’objet d’un autre contrat de 74 millions € souscrit avec les Chemins de fer marocains.

Sur un autre plan, Alstom s’est engagée à équiper la future centrale d’Aïn Beni-Mathar, en vertu d’une commande ayant transité initialement par l’espagnol Abener, pour un montant de 200 millions €.

La société Areva, intéressée à l’extraction de l’uranium à partir de l’acide phosphatique, s’est engagée, elle, à coopérer avec l’Office des Phosphates pour développer localement les recherches en ce domaine. De plus, les deux entreprises se sont mises d’accord pour procéder à une étude de faisabilité en vue de la création d’un site industriel produisant de l’uranium à partir de l’acide phosphorique, l’intention à terme du Maroc étant de construire une centrale nucléaire capable de répondre à ses besoins pressants d’électricité.

D’après l’AIEA, l’uranium pouvant être obtenu ainsi est d’importance considérable. En quantité, Il correspondrait à deux fois les ressources produites directement, au niveau mondial, des gisements d’uranium eux-mêmes.

"J'invite tous les chefs d'Etat et de gouvernement de tous les pays méditerranéens à se réunir en France, en juin 2008, pour jeter les bases d'une union politique, économique et culturelle fondée sur les principes de stricte égalité", a déclaré ce matin le président français, en tournée à Tanger.

Revenu sur le projet de cette union méditerranéenne dont il avait tant souhaité la concrétisation, lors de sa dernière visite en Algérie, Sarkozy semble y tenir mordicus, en se faisant plus explicite aujourd'hui. "En Méditerranée, se décidera de savoir si oui ou non le nord et le sud vont s'affronter, si oui ou non, le terrorisme, l'intégrisme, le fondamentalisme réussiront à imposer au monde leur registre de la violence et de l'intolérance", a-t-il précisé.

Selon lui, cette union devra être "le plus grand laboratoire au monde du co-développement".

Mais un propos, relatif au peuple juif, et sans rapport avec le reste de son discours, n'est pas sans susciter des interrogations. Il s'agit de l'hommage rendu au Maroc "dont l'honneur est d'avoir protégé les juifs quand dans toute l'Europe ils étaient pourchassés pour être exterminés". Il semble, en effet, avoir oublié, d'abord, que le Maroc était sous protectorat durant la seconde guerre mondiale et qu'ensuite l'autorité du sultan à l'époque était quasiment nulle et qu'enfin les représentants officiels du gouvernement de Vichy obéissaient à la lettre aux instructions de celui-ci.

Donc, à moins de saluer le rapprochement vis-à-vis de Tel-Aviv que le Maroc a été l'un des tout premiers pays arabes à avoir engagé de sa propre initiative, bien avant Sadate sans doute, l'hommage de Sarkozy manque à tout le moins de clarté...

L'on a reparlé, à l'occasion de la visite rendue par François Fillon à Rabat, du projet de TGV devant être réalisé par des entreprises françaises d'Oujda à Casablanca, d'une part, et d'Agadir à Tanger, de l'autre.

Mais, faute de sous pour son financement, le Maroc a limité ses ambitions à la réalisation du tronçon Casablanca/Tanger, soit 200 kilomètres. Les travaux sont confiés à Alsthom. Le financement des études de faisabilité est offert là par la France à hauteur de 75 millions d'euros.

Rabat a recentré son attention sur un autre plan, celui de l'achat en France d'une frégate multi-missions FREMM. L'accord, qui avait été déjà donné par Sarkozy au niveau à tout le moins du principe lors de sa dernière visite officielle dans le pays, semble apparemment avoir été conclu pour un montant de 470 millions d'euros.

L'autre contrat décroché par Fillon porte sur la mise en place du tramway de Rabat, d'ici 2010. Alsthom s'est vu confier là la fourniture de 22 rames Citadis et Colas. Le coût de l'ensemble du projet est évalué à 350 millions d'euros, dont 200 seront prêtés à hauteur de 150 par la France et 50 par l'Agence française de développement.

Le groupe Pierre et vacances a profité, enfin, de cette occasion pour officialiser son projet de construction de villages-clubs locatifs, de façon à pouvoir disposer de 10 000 lits, à l'horizon 2013, à l'intention des tourismes, à l'horizon 2013.