C'est, hélas, bien trop vrai, aieou !
Les gens se réfugient dans les sous-problèmes que vous évoquez, un peu pour oublier toutes les misères qu'ils endurent au fil des jours. Ils ont besoin, en fait, de vivre, comme fait le soldat en guerre cherchant à noyer dans l'alcool, le jeu ou la luxure l'image de sang et d'horreur qui l'a accompagné durant sa journée.
Cela dit, j'adhère volontiers, personnellement, à votre démarche. En suivant, avant-hier, une émission télévisée consacrée à la lèpre qui sévit toujours avec la même violence qu'il y a dix, vingt ou cent ans, chez les pygmées d'Afrique, j'en ai éprouvé la nausée. Devant tous ces membres difformes de pauvres malheureux, souffrants et abandonnés à leur sort, je m'interrogeais sur les raisons d'être de ces organisations humanitaires internationales qui s'occupent de vétilles quand des maladies aussi graves sont reléguées aux oubliettes.
Les excisions entre autres phénomènes de la maltraitance, les mariages forcés engageant souvent des fillettes de 7, 8 à 10 ans, le développement de la pègre, de la mafia à travers le monde, les comportements dictatoriaux de nombreux régimes africains surtout ne constituent-ils pas d'autres motifs sérieux de préoccupation ?
Il y a vraiment quelque chose de cassé dans l'échelle des valeurs que nous reproduisons, me semble-t-il. Tout en essayant de se surpasser, notamment dans le domaine technique et particulièrement de sa destruction, l'homme progresse à contre-courant de ses propres intérêts. Il avance plus vite dans la recherche de son autodestruction qu'il ne développe les moyens de sa survivance.
Chacun sait pourtant que le monde, à l'allure qui est la sienne, finira par s'étrangler sous le poids grandissant de la surpopulation. La terre agricole qui nourrit la planète n'est pas extensible à l'infini. Plus graves sont encore les limites de fonctionnement économique que la crise d'aujourd'hui révèle à l'humanité. L'emploi qui fait la raison d'être de l'homme se restreint désormais à la manière de la peau de chagrin de Balzac. Il est même à craindre que vienne le jour où les gens s'entretueront pour accéder seulement à l'emploi.
Toutes ces tares, c'est vrai, résultent principalement de l'impréparation de l'homme d'aujourd'hui qui ne ressemble plus à son aïeul d'hier. Ce dernier était absorbé par la misère, la famine, la maladie, les guerres, l'esclavage, etc. Tous ces facteurs empêchaient sa reproduction à grande vitesse que nous vivons aujourd'hui.
Oui, je fais entièrement miennes vos préoccupations. Mais, comment contribuer à nous sortir de ce bourbier, toute la question est là.