Evo Morales, en obtenant le plébiscite de la Constitution nouvellement remaniée, dispose désormais de coudées franches pour appliquer en toute légalité les réformes qui lui tiennent tant à coeur.
Bien que cinq régions, dites autonomistes, Santa Cruz dans l’est, Tarija et Chuquisaca au sud, et Pando et Beni au nord, aient voté à 70 % contre le projet, le score national de 60 % obtenu gomme cette espèce de protestation. Les changements profonds peuvent donc être entrepris. A commencer par la séparation de l'Eglise catholique et de l'Etat, la loi fondamentale dispose que toutes les religions sont mises sur un même pied d'égalité. Un large espace est ensuite accordé au monde indigène. Les prérogatives et les pouvoirs de l'Etat sur les ressources naturelles du pays en sortent notablement renforcées.
Ces nouvelles donnes préludent à la : «
fin de l’Etat colonial, grâce à la conscience du peuple bolivien », comme l'a si bien déclaré le chef de l'Etat. En même temps, «
C’est la fin des immenses exploitations agricoles et des grands propriétaires », a-t-il ajouté, devant une foule amassée sur la place d'Armes.
Les colons et autres exploitants agricoles des régions contestataires, favorables au statut quo, se déclarent, bien sûr, contre ces changements et penchent carrément pour l'autonomie. Ils ne veulent tenir compte ni des aspirations populaires ni de la volonté des autorités politiques d'amorcer des réformes dans le fond. Ils entendent conserver leurs privilèges et ne manqueront sans doute pas d'utiliser au besoin la force pour imposer leur diktat.
Jusqu'ici les manifestations souterraines de la CIA dans le pays n'ont pas même eu pour effet d'ébranler les dispositions légalistes, renforcées en permanence par la volonté de dialogue, d'Evo Morales. Ce dernier n'a utilisé la violence à aucun moment pour imposer ses vues. Mais, avec l'avènement d'Obama, les choses changeront-elles ? Et, surtout, le rôle destructeur de la centrale criminelle américaine se poursuivra-t-il plus longtemps encore ?
De la réponse à ces questions, dépendra, pour tout dire, le sort lui-même d'Evo Morales, empêché quasiment de gouverner depuis son élection démocratique en 2005.