Ainsi qu'il lui avait été promis lors de la chute du dictateur Mubarak, le peuple égyptien a été appelé à se rendre aux urnes aujourd'hui pour voter les amendements de la Constitution, première phase d'un processus censé introduire des changements notables dans le pays avec les élections législatives prévues pour septembre et les élections présidentielles peu après.
Les électeurs se sont, selon les observateurs, empressés de voter en masse, mais pas nécessairement pour les mêmes raisons. Deux tendances se sont en effet dessinées au fil de la journée. La première, en accord avec ces modifications constitutionnelles proposées, trouverait en fait son intérêt dans la possibilité offerte désormais au parti des Frères musulmans de se propulser au premier rang des formations politiques plus ou moins organisées et structurées et disposant d'ores et déjà d'une audience populaire affirmée. C'est aussi le cas des militants de l'ancien parti au pouvoir, aujourd'hui dissous, qui prépare, dit-on, sa résurrection sous un nouveau sigle et qui espère reprendre du poil de la bête. En revanche, la seconde tendance, celle des jeunes qui se disent résistants de la célèbre place Tahrir du Caire, voterait contre, estimant trop étendus les nouveaux pouvoirs reconnus aux futurs présidents de la République. Pour elle, il ne s'agit là que d'une manière déguisée de maintenir le statu quo qui a permis la dictature passée de Mubarak et de ses prédécesseurs. Cette même tendance estime, d'autre part, trop court le temps imparti au camp des démocrates pour se préparer en vue des élections prochaines. À son sens, il faut y voir une volonté délibérée des pouvoirs publics, auteurs principaux des amendements, d'amoindrir les chances du camp démocrate de peser sur le devenir du pays.
En tout cas, le constat unanimement établi par les médias couvrant sur place cet événement est que, malgré quelques fraudes relevées ici ou là, les Égyptiens ont tenu cette fois à s'exprimer massivement, en toute conscience et librement, quoique pour la première fois pour certains électeurs interrogés qui se disent échaudés par les trafics antérieurs.
Pour cette raison d'ailleurs, certains bureaux de vote resteront ouverts jusqu'à 21 heures, annoncent les autorités locales.