Bouteflika n'aura pas de concurrents sérieux aux élections prochaines

Un certain courant de pensée laisse entendre que les généraux, ironiquement appelés "les décideurs", tiendraient encore les ficelles du pouvoir en Algérie. Ainsi, le choix du magistrat suprême dépendrait-il toujours d'eux seuls, comme l'a voulu longtemps la rumeur publique.

Aujourd'hui, toutsurlalgerie.com abonde dans le même sens. Il met en avant un certain plan du général Touati, l'ancien "cerveau" de l'autorité militaire. En vertu de ce plan, les partis politiques sont tous poussés, l'un après l'autre, vers la porte de sortie. Ils doivent à terme disparaître, du moins pendant une période de trois ans, avant de réapparaître sous d'autres sigles, etc.

A mon avis, c'est faire une fausse analyse de l'évolution de la situation politique dans le pays, pour laisser accroire de telles sornettes. Il faut surtout feindre d'oublier que Bouteflika n'a passé son temps depuis 10 ans qu'à autre chose que de s'assurer essentiellement les coudées franches, qu'à se débarrasser de tous les obstacles se trouvant sur son chemin. D'ailleurs, rien, de par sa conduite des affaires publiques ni de ses déclarations ni moins encore de ses préoccupations ne semble le présenter comme un dirigeant placé à la tête de l'Etat pour un temps déterminé. Il est là pour pérenniser un système que Boumedienne a concocté jadis à des fins qu'aujourd'hui tout le monde découvre. L'un comme l'autre n'ont d'autre objectif que celui de ranger résolument l'Algérie dans le monde archaïque et médiéval du Moyen-Orient. Arabité, islamité, fanatisme, baathisme sont les seules dominantes de leurs soucis majeurs. Et tant pis pour le peuple s'il se prend à rêver de démocratie, de justice sociale, d'équité, et d'autres mots creux qui n'ont pas cours sur la rive sud de la Méditerranée.

Dans ce sens, ai-je même inséré sur le site précité un commentaire qui explique pourquoi Bouteflika n'aura pas de concurrents sérieux aux prochaines élections. Le voici, dans son intégralité :

" Les échanges épistolaires qu'Abdesselam et Touati ont eus par le passé (et accessibles sur Internet) établissent sans le moindre doute le rôle principal de l'armée dans les décisions majeures prises et affectant le sort du pays, du moins à une certaine époque. S'il n'est pas, aujourd'hui, clairement démontré que l'institution militaire ne dispose plus de cette attribution, il est tout de même permis de le supposer à travers déjà la foultitude de mesures engagées sans le moindre accroc, dès le lendemain du second mandat présidentiel. La plupart des généraux de premier plan qui faisaient ombrage au président ont été, l'un après l'autre, mis à la retraite, donc quasiment ligotés.

C'est parce que précisément a sauté ce verrou, qui justifiait, encore en 2004, l'espoir de candidatures concurrentes à celle de Boutef, que la course prochaine n'attire pas grand monde. Autant les candidats potentiels acceptaient-ils du bout des lèvres l'implication des "décideurs" dans le choix du premier magistrat du pays, pour prévenir une mainmise peu souhaitable des islamistes. Autant se trouvent-ils aujourd'hui inhibés de dépendre de la seule volonté du pouvoir en place pour présenter leur candidature, n'ayant du reste aucune chance d'aboutir.

Les uns comme les autres savent pertinemment que, face à la mobilisation de tout le corps des fonctionnaires, des rares moudjahidin encore en vie et surtout des centaines de milliers de faux moudjahidin percevant une rente à vie comme des associations diverses gravitant autour, aucun candidat, fût-il cent fois plus compètent, plus honnête et plus intègre que Boutef, ne peut être élu. C'est d'ailleurs la menace qu'a toujours brandie ce dernier pour faire valoir sa prétendue aura. Les dès étant pipés, il est même fort à craindre qu'il ne soit tenté, un jour, de pousser le ridicule jusqu'à se faire introniser roi ou empereur, à l'exemple de Bokassa 1er."

Si ! Il va quand même y avoir des potiches qui prétendront représenter leur soi-disant parti microscopique. Des Touati, sortis de nulle part, des Louiza Hanoun, que l'on situe mal entre le trotskysme et l'affairisme, des Djaballah peut-être aussi qui rêvent d'un Etat islamiste, des Rebaine, illustres inconnus, etc., ne manqueront pas à l'appel le jour du vote. Ils auront tous réuni, d'ici là, les 75 000 signatures requises pour valider leur candidature. Enfin, ils auront aussi perçu leur subvention, motif vraiment réel de leur entrée en lice pour jouer les lièvres.

Sa majesté Bouteftifa passera donc, devant cette foultitude de rapaces que n'intéresse rien d'autre que l'argent. Cela leur permettra, à l'image de quelques autres candidats passés, se construire eux aussi des villas superbes sur les hauteurs préférées de la capitale. Ils rouleront carrosse de luxe, comme nombre d'autres compatriotes aisés. Et qui donc pourra alors empêcher la roue de tourner ?

Dans la mesure où il faut apprécier sa candidature à travers sa représentativité au plan national - 26 parlementaires élus en 2007 -, Louiza Hanoune, présidente du P.T. (Parti des travailleurs), se déclare partante pour ces élections présidentielles. Elle est quasiment la candidate la plus importante qui vient juste après celle de Bouteflika, dont elle soutient toute la politique.

Elle aurait même réuni jusqu'ici 140 000 parrainages, là où 75 000 seulement suffisent.

Bien qu'elle sache parfaitement qu'elle ne passera pas, Hanoune engage un tel bras de fer, pour donner, d'une part, une caution à un scrutin partout décrié dans le pays, et, d'autre part, pour accéder à son tour à la subvention très juteuse offerte en pareil cas.

D'ailleurs, si l'on dit que dix-huit candidats se pressent déjà sur le portillon, c'est davantage pour tirer profit de cette manne dispensée sur le dos du contribuable que guerroyer dans un combat que chacun sait perdu d'avance.

Les journaux ont publié ce matin la déclaration de patrimoine déposée par Bouteflika pour valider sa candidature aux élections présidentielles. Elle a valeur de document d'autant plus, et tout le monde l'aura constaté, qu'elle est loin de refléter la réalité. La voici, en tout cas, à titre simplement documentaire :
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« Je soussigné, Abdelaziz Bouteflika, Président de la République, demeurant au 135, rue Cheikh El Bachir El Ibrahimi, El Biar, Alger, candidat à l'élection à la Présidence de la République, prévue le 9 avril 2009.

En application de l'article 157 de l'ordonnance 97-07 du 6 mars 1997, modifiée et complétée, portant loi organique relative au régime électoral.

Déclare être propriétaire des biens ci-après :

A - Biens immobiliers :

1. Une maison individuelle sise à Sidi Fredj (commune de Staouéli) suivant acte enregistré sous le n° 226 du 11.11.1987.

2. Une maison individuelle sise rue de la Rochelle, Alger, suivant livret foncier n° 70-68/07 du 11/12/2007.

3. Un appartement sise au 135, rue Cheikh El Bachir El Ibrahimi, El Biar, suivant livret foncier n° 29-39/07 du 26/06/2007.

B - Biens mobiliers

- Deux (02) véhicules particuliers.

Déclare qu'il n'est propriétaire d'aucun autre bien à l'intérieur du pays ou à l'étranger. »

Bouteflika n'aura, en définitive, que cinq concurrents à affronter aux prochaines élections présidentielles.

Le Conseil constitutionnel, après examen des dossiers de parrainages présentés par treize candidats, n'en a validé que six, sans donner les motifs du rejet des autres.
Louiza Hanoune, présidente du P.T.,
Moussa Touati, président du F.N.A.,
Ali Fawzi Rebaïne, président d'Ahd 54,
Djahid Younsi, du parti el-Islah et enfin,
Md Saïd Bélaïd, le dernier venu, président du nouveau parti islamiste qui est en instance d'agrément,
sont donc les candidats qui disputeront à Bouteflika les suffrages populaires.

L'on sait d'avance que tous ces prétendants n'ont aucune chance de franchir seulement les 2 ou 3 % des voix des électeurs. Mais, pour faire nombre, le pouvoir a veillé à ce que leurs candidatures soient retenues. Cela accréditerait l'image du prochain scrutin et permettrait surtout aux concurrents de Bouteflika d'engranger un pactole non négligeable pouvant faire d'eux des hommes riches, en un rien de temps. Un peu comme l'ont été de nombreux autres, comme Djaballah, Sadi, etc., lors des précédents scrutins.